INVITÉE RTL - "Que fait la France pour aider Mayotte ?", demande Estelle Youssouffa, députée du département

Mayotte, département français coincé entre le Mozambique et Madagascar, dans l'Océan Indien, est en proie à une nouvelle flambée de violences depuis une dizaine de jours. Le ministre de l'Intérieur Gerald Darmanin a passé deux jours sur place, lors du nouvel An, annonçant notamment qu'il allait "pérenniser la présence du Raid" dans l'île. Suffisant pour rassurer les élus locaux ? "C'est un début", estime Estelle Youssouffa, députée du département, au micro de RTL ce mardi 3 janvier. "C'est un signal important envoyé en venant passer la Saint-Sylvestre. Notre vœu pour 2023, c'est que l'accalmie soit durable et une paix à Mayotte, car on ne vit plus une vie normale. La violence et l'insécurité perturbent tout".

"On a besoin que le chef de l'État s'empare du dossier avec les Comores et change de discours. Que fait le Quai d'Orsay pour aider Mayotte ?", demande l'élue locale qui dépeint une situation intenable, marquée par une saturation des établissements publics, notamment les écoles où "les classes font des rotations pour suivre l'évolution démographique", mais aussi des fonctionnaires rechignant à venir soulager l'île à cause de la violence, un maillage routier très insuffisant et une croissance démographique non maîtrisée.

"Mayotte aujourd'hui, c'est 300.000 habitants officiellement. En réalité, on est un demi-million. L'Insee a du mal à compter. Mais quand le préfet distribue 450.000 masques, un masque par adultes, on est un demi-million. Mais c'est plus pratique de dire pour l'État qu'on est 300.000 car ça diminue d'autant les transferts à nos collectivités territoriales. Ces erreurs de calcul traduisent la saturation de toutes nos infrastructures. Car il est impossible de déployer une politique publique si on ne maîtrise pas sa démographie. La croissance démographique est importée", explique-t-elle. 

La députée demande une assistance militaire pour maîtriser les arrivées sur l'île

Fin novembre, Estelle Youssoufa avait évoqué un département aux portes de la guerre civile. Une situation qui doit beaucoup, selon elle, à la gestion de l'immigration comorienne. "La moitié de la population a moins de 20 ans ici. Une jeunesse en grande partie comorienne. Lors des expulsions, les mères disent qu'elles n'ont pas d'enfants et laissent derrière elles des mineurs isolés. Mais à Mayotte, parce que ces enfants sont potentiellement régularisables citoyens français, leurs parents reviennent lorsqu'ils atteignent la majorité pour obtenir le regroupement familial. C'est un calcul très cynique", raconte-t-elle, estimant à "une dizaine de milliers" les jeunes abandonnés "qui se constituent en bandes et basculent dans la violence", "une violence aveugle qui détruit notre quotidien". 

"Mayotte, c'est la France. On attend que le reste du pays nous dise qu'il va prendre en charge ces mineurs isolés. On attend toujours, comme ça a été le cas pour les Ukrainiens, que toute la solidarité nationale se mette en œuvre et que Mayotte puisse respirer. Chaque 3 à 4 bateaux avec une vingtaine de migrants arrivent à Mayotte. Vous imaginez ce que ça représente sur un petit territoire de 375 kilomètres carrés ? On est saturé. Mayotte a fait le maximum de ce qui est possible", explique-t-elle.

Plus que l'abolition du droit du sol, qui pourrait se heurter à des obstacles juridiques au niveau constitutionnel, la députée demande à "ce qu'on déploie un patrouilleur de la marine nationale pour protéger notre lagon avec un bâtiment militaire", la "porte d'entrée aujourd'hui sans défense" de Mayotte, comme ce fut le cas sous Nicolas Sarkozy".

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