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Marine Le Pen, à l'Assemblée nationale, le 30 octobre 2025
Crédit : Anne-Christine POUJOULAT / AFP
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Une première "historique". Les députés ont adopté, ce jeudi 30 octobre, une proposition de résolution du Rassemblement national visant à "dénoncer" l'accord franco-algérien de 1968. Le texte du parti d'extrême droite a été voté à une voix près, avec l'appui des groupes Les Républicains et Horizons.
Le piège a fonctionné, jusqu'à semer le trouble jusque dans les rangs macronistes. Maître de l'ordre du jour dans l'hémicycle toute la journée, dans le cadre de sa "niche" parlementaire, le Rassemblement national a engrangé une victoire inédite dès son premier texte. Il s'agissait d'un texte hautement symbolique : la dénonciation de la convention de 1968, qui offre aux Algériens des clauses spécifiques en matière d'immigration et de séjour en France.
Le scrutin emporté de justesse, par 185 voix contre 184, avec la totalité des troupes de Marine Le Pen et de son allié UDR Éric Ciotti, mais aussi de la moitié des groupes LR et Horizons.
Le texte a donc été adopté à une voix près. Vice-président de l'Assemblée et présidant la séance au moment du vote, Sébastien Chenu a voté, comme le rapporte Le Figaro. Un fait inhabituel, comme l'a indiqué le principal concerné. "D’habitude le président de séance ne vote pas, mais Braun-Pivet a créé une jurisprudence en votant certains textes (fin de vie) et Clémence Guetté qui préside le fait aussi régulièrement . Je les ai donc imitées", confie-t-il au journal.
"Quand le RN porte des projets ou des convictions que nous partageons, il n'y a aucune raison (...) de ne pas voter ce que nous voulons pour notre pays", a justifié le chef des élus de droite, Laurent Wauquiez, rappelant que sa formation avait "porté" la même résolution il y a deux ans. Du côté du parti d'Édouard Philippe également, "nous demandons cette dénonciation", a souligné le député Sylvain Berrios, soutenant un texte présenté comme "un mandat donné au gouvernement pour qu'il fasse son travail".
L'exécutif entend pourtant "privilégier la voie de la renégociation dans le cadre d'un dialogue exigeant avec l'Algérie", a expliqué le ministre des Relations avec le Parlement, Laurent Panifous, assurant que Paris n'aurait "rien à gagner à une aggravation de la crise" déjà prégnante avec Alger.
Mais désormais, "il faut que le gouvernement tienne compte du vote de l'Assemblée nationale", a appuyé une Marine Le Pen triomphante, se félicitant d'une "journée que l'on peut qualifier d'historique" pour son parti, dont les initiatives ont toujours fait l'objet d'une opposition de principe au Palais Bourbon.
Un barrage qu'a de nouveau tenté d'ériger la gauche, en dénonçant à l'instar de l'Insoumis Bastien Lachaud les "lubies racistes" et "l'obsession morbide" d'un RN qui "rejoue à l'infini la guerre d'Algérie". "Votre histoire, c'est celle d'un parti qui ne prospère que sur la haine de l'autre (...) Hier les juifs, aujourd'hui les Arabes, et demain à qui le tour ?", a renchéri le socialiste Laurent Lhardit, quand l'écologiste Sabrina Sebaihi - elle-même franco-algérienne - a accusé "le RN et ses alliés (d'être) la dernière survivance politique de la haine coloniale". Mais les quatre groupes de gauche (avec les communistes) n'ont pas fait le plein, avec 143 voix contre le texte sur un total de 195.
Les critiques se sont concentrées sur Gabriel Attal et son groupe Ensemble pour la République, dont seulement 40 députés (sur 92) étaient présents, dont 30 ont voté contre le texte. Le leader du parti Renaissance, qui avait lui-même appelé à dénoncer l'accord de 1968, était d'ailleurs absent lors du débat et du vote.
"Ils étaient où les macronistes ?" a réagi le patron du PS Olivier Faure. "Cette voix qui nous a manqué pour faire face au RN, c'est celle de Gabriel Attal", a même affirmé la cheffe du groupe écologiste Cyrielle Chatelain. La députée LR Laure Miller avait pourtant fustigé "l'amateurisme" et le "populisme poussé à son paroxysme" du "parti lepéniste" et de cette résolution "brouillonne et inopérante".
Dans la foulée de ce coup de théâtre, le RN espère décrocher une deuxième victoire sur sa proposition de loi pour rétablir le délit de séjour irrégulier, idée également "majoritaire au sein de l'Assemblée", selon Marine Le Pen. Si le temps le permet, le RN tendra d'autres pièges à la gauche, avec un texte pour "limiter les frais bancaires", inspiré d'une initiative communiste, et un autre pour la "gratuité des parkings d'hôpitaux" réclamée aussi par LFI.
Preuve de l'embarras suscité, le député LFI Éric Coquerel explique que son groupe a pour "règle de ne jamais voter un texte du RN" mais pourrait décider "de ne pas participer au vote".
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