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"Il y a une fracture assez nette au sein de la Hollandie"
ÉDITO - Jean-Yves Le Drian a-t-il lâché François Hollande ? En tout cas, cette nouvelle prise de distance d'un fidèle grognard du hollandisme intrigue.
François Hollande et Jean-Yves Le Drian sur le perron de l'Élysée, le 8 juin 2016
Crédit : SIPA
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"Si François Hollande décidait de ne pas se présenter, Manuel Valls serait le mieux placé pour le remplacer" : cette phrase, prononcée le week-end dernier par le ministre de la Défense Jean-Yves le Drian, a semé le trouble une fois de plus au sein de la Hollandie. Le meilleur ami du Président soutient-il Manuel Valls ? Non, cela veut dire que le meilleur ami du Président pense qu'il y a une alternative à la candidature du Président. Quand le patron de la "Grande Muette" (la défense, Ndlr) parle publiquement, c'est loin d'être anodin. Jean-Yves Le Drian, c'est une tombe habituellement, c'est la discrétion personnifiée.
C'est vrai qu'il n'a pas digéré le livre de confidences de François Hollande aux journalistes du Monde, dans lequel il est fait état d'opérations militaires qui ne sont pas destinées au grand public. Mais que Jean-Yves Le Drian s'exprime en ces termes sur la présidentielle, c'est inouï. Le pire, ce n'est pas qu'il dise que "Valls peut remplacer Hollande si ce dernier n'y va pas". Ça après tout c'est la logique institutionnelle, même François Hollande le dit. Le pire, c'est que Jean-Yves le Drian n'a pas eu un mot de soutien pour son ami Hollande, alors qu'il encense Manuel Valls, "courageux et déterminé".
Encouragé... à ne pas se lancer
Il n'est pas le premier à dire cela. Parmi les proches de François Hollande, il y a eu Michel Sapin, le ministre de l'Économie, qui a prononcé à peu près les mêmes mots. Il y a eu aussi Jean-Pierre Mignard, l'avocat, le vieil ami du Président qui a très mal pris les confidences du chef de l'État sur la magistrature, et qui a récemment souhaité dans une interview que "François s'évite une humiliation".
Cela signifie qu'une partie des proches de François Hollande ne l'encouragent pas à se lancer. Contrairement à d'autres. Comme, par exemple, Stéphane Le Foll, le ministre de l'Agriculture, lui aussi un fidèle du Président, et qui soutient fermement sa candidature.
Hollande se voit le meilleur
Il y a une fracture assez nette au sein du carré des fidèles entre ceux qui disent : "Il n'y a que Hollande qui peut être candidat, car s'il n'y va pas ce sera le bazar à gauche, entre Valls, Montebourg et Macron, et de toutes façons lorsque François Hollande aura annoncé sa candidature, tout rentrera dans l'ordre", et ceux qui, a contrario, estiment que lorsque la défaite est annoncée depuis des mois, que la candidature du Président ne s'impose pas et que passer par une primaire est risqué, mieux vaut peut-être arrêter les frais et repartir avec une autre monture.
Qu'en pense le principal intéressé ? Vous prenez les deux avis, vous mélangez bien, et vous avez celui de François Hollande. Un Président qui se dit lucide, mais qui pense que la mauvaise humeur des amis passera et qu'une campagne peut changer les choses. Bref, un Président persuadé qu'il est le meilleur candidat dans une gauche dévastée.
