Présidentielle 2017 : les hollandais préparent-ils le terrain pour Valls ?

François Hollande est-il en train de se faire lâcher ? Avec l'élection présidentielle qui se rapproche à grands pas, l'heure est aussi bientôt venue pour le chef de l'État d'annoncer ses intentions. Cela doit intervenir d'ici la fin du mois de décembre et rien n'est encore acquis. Officiellement, le Président a toujours conditionné sa candidature à l'inversion de la courbe du chômage. Si les derniers chiffres sont particulièrement positifs (-1,9%), la tendance reste très fragile. Cette question de l'emploi est quelque peu passée au second plan depuis la publication du livre Un président ne devrait pas dire ça qui regorge de confidences de François Hollande ayant créé un vrai séisme politique.

Depuis, une rupture s'est créée dans le discours autour de François Hollande, à qui il est surtout reproché d'avoir brisé le secret-défense. Certains de ses plus proches soutiens n'hésitent plus à envisager un scénario dans lequel il ne se représenterait pas. Dimanche 6 novembre, le fidèle hollandais Jean-Yves Le Drian a surpris en évoquant cette possibilité. "Si d'aventure le président de la République estimait ne pas devoir se présenter, alors à mon avis Manuel Valls serait naturellement (...) évidemment à ce moment-là, je pense, le mieux placé pour assurer cette fonction", a-t-il déclaré sur iTélé, tout en prenant soin de réaffirmer qu'il soutiendra Hollande s'il décide de se lancer dans le bain.

Le ministre de la Défense est pourtant un soutien de longue date. Lors de la campagne 2012, il était d'ailleurs membre actif du micro-parti "Répondre à Gauche avec François Hollande" qui est aujourd'hui à l'origine du site "NotreideedelaFrance.fr" soutenant une candidature du chef de l'État pour 2017. Mais avec ces propos, dans lesquels il n'a pas clairement souhaité une candidature de François Hollande, Jean-Yves Le Drian semble prendre ses distances. Autre ministre qui s'écarte sensiblement du hollandisme pur et dur : Michel Sapin. Le ministre de l'Économie et des Finances a estimé jeudi 3 novembre, sur Franceinfo, que le Premier ministre serait un "candidat parfaitement naturel" de la gauche en cas de renoncement du Président.

Un message test ou un vrai indice ?

Pour le politologue Olivier Rouquan, spécialiste de la gauche joint par RTL.fr, ces déclarations interviennent dans cette "période de transition ouverte par Manuel Valls" depuis qu'il a évoqué sa "colère" concernant les confidences de François Hollande. Dans la foulée, le Premier ministre s'était d'ailleurs lancé dans une tournée en Afrique qui avait des allures de campagne présidentielle.

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Avec ces récentes sorties médiatiques, les hollandais pourraient bien chercher dès maintenant à habituer l'opinion publique à une non-candidature de François Hollande. Une manière, dans le même temps, de faire un "banc d'essai auprès des militants et du Parti socialiste", en conférant à Manuel Valls une stature de présidentiable, selon Olivier Rouquan. "Ils font passer le message et le testent. Ils disent qu'au nom de cette gauche de gouvernement, le nom qui s'installera pourra être celui de Manuel Valls", ajoute l'enseignant-chercheur en science politique. "Ce message s'adresse surtout aux électeurs de gauche. Les éléments de langage vont dans le même sens", poursuit Cécile Delozier, fondatrice de Charisma et conseillère en communication politique, contactée par RTL.fr.

Dans les couloirs de l'Assemblée nationale, selon des propos recueillis par l'AFP, circule l'idée que ces déclarations pourraient servir à "calmer Valls" afin qu'il prenne son mal en patience car assuré d'avoir le soutien des hollandais si la place se libère. Olivier Rouquan estime d'ailleurs que cette stratégie de communication pourrait découler d'un "accord tacite avec François Hollande, s'il envisage d'en rester là". Par conséquent, l'option Manuel Valls ne serait plus seulement un test mais une "hypothèse à prendre très au sérieux".

Hollande a encore des soutiens indéfectibles

Pour autant, certains proches de Manuel Valls estiment que ces sorties de Jean-Yves Le Drian et Michel Sapin traduisent un vraie déloyauté envers François Hollande. "Cela voudrait dire que Jean-Yves Le Drian et Michel Sapin décident de lâcher leu ami de plus de trente ans. C'est difficilement envisageable, mais ce n'est pas non plus impossible", nuance Olivier Rouquan.

En tout cas, les hollandais n'ont pas tous ouvert la porte à Manuel Valls. Du moins pour le moment. Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement qui est aussi l'un des plus fidèles soutiens du président, n'a pas manqué de rappeler récemment que François Hollande était toujours "le patron". Le ministre de l'Agriculture a par ailleurs estimé au micro de RTL qu'il n'y avait pas de "sujet" autour de la candidature : "François Hollande a un calendrier. On respecte son calendrier. Ça fait partie du respect et de la loyauté".