C'est le premier dérapage du Rassemblement national dans la nouvelle Assemblée. Invité à ouvrir la première séance de la nouvelle législature en sa qualité de doyen de l'hémicycle comme le veut la tradition, l'un des 89 députés RN, José Gonzalez, 79 ans, a profité de cette tribune pour faire l'apologie de l'Algérie française. Le député des Bouches-du-Rhône, pied-noir né à Oran, a d'abord rappelé qu'il était arrivé en France en 1962 lors de l'indépendance de l'Algérie, évoquant "l'enfant d'une France d'ailleurs arrachée à sa terre natale", avant d'aller plus loin devant des journalistes en estimant qu'il n'était "pas là pour juger si l'OAS a commis des crimes".
"Crimes de l'armée française, je ne pense pas, crimes contre l'humanité encore moins. Si je vous emmène avec moi en Algérie, dans le Djebel, beaucoup d'Algériens qui n'ont jamais connu la France disent 'quand est-ce que vous revenez ?'". Avant de conclure en indiquant "ne pas savoir ou presque pas ce qu'est l'OAS".
Ces propos ont choqué de nombreux élus de la majorité et de la gauche, qui ont fustigé une "honte" ou fait part de leur "dégoût". "Dire 'je ne sais pas s'il faut juger les crimes, réels ou non de l'OAS', ça s'appelle du négationnisme historique", a regretté auprès de FranceInfo Alexis Corbière de la France insoumise. Sandrine Rousseau a estimé de son côté que ces paroles faisaient "voler en éclats" la dédiabolisation du RN. "Les masques tombent dès le premier jour", a dénoncé le député LaREM Roland Lescure, cité par Libération.
Si cette sortie a tant heurté, c'est parce qu'elle ravive la mémoire d'une période douloureuse de l'histoire de France. L'OAS, ou Organisation armée secrète, est une organisation politico-militaire clandestine fondée en 1961 après l'échec du putsch militaire d'Alger pour s'opposer à l'indépendance de l'Algérie. Considéré comme terroriste par la France et les historiens spécialistes de la guerre d'Algérie, le mouvement a multiplié les attentats en Algérie mais aussi en France afin de défendre la présence coloniale française.
L'OAS a notamment tenté d'assassiner le président de la République Charles de Gaulle, le 22 août 1962, lors de l'attentat du Petit-Clamart. Au total, les attaques de l'organisation ont coûté la vie à au moins 2.200 personnes en Algérie et 71 en France et blessé des milliers de personnes des deux côtés de la Méditerranée.
Comme le rappelle Libération, le mouvement était proche de l'extrême-droite et du Front national. Parmi les 35 premiers députés frontistes qui ont intégré l'Assemblée nationale pour la première fois en 1986 figuraient plusieurs anciens membres de l'OAS.
Le coup d'éclat du nouveau doyen de l'Assemblée nationale n'est d'ailleurs pas passé inaperçu aux yeux de Jean-Marie Le Pen. L'ancien chef du Front a fait savoir qu'il comptait appeler José Gonzalez pour le féliciter et le rencontrer.
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