C'est un couac dont Marine Le Pen ce serait bien passé. La patronne du Rassemblement national (RN) voulait des députés exemplaires pour illustrer la dédiabolisation de son parti. Ce pari a volé en éclats dès l'ouverture de la XVIe législature mardi 28 juin.
Invité, en sa qualité de doyen de l'Assemblée nationale, à faire un discours en ce premier jour de travaux, le député RN José Gonzalez s'est permis plusieurs références à l'Algérie française, faisant bondir la gauche et une partie de la majorité. Au perchoir, le député des Bouches-du-Rhône a d'abord rappelé qu'il était arrivé en France en 1962, lors de l'indépendance de l'Algérie.
"J'ai laissé là-bas une partie de ma France et beaucoup d'amis. Je suis un homme qui a vu son âme à jamais meurtrie", a déclamé le parlementaire de 79 ans, déclenchant des applaudissements d'une partie de l'Hémicycle. Premier épisode qui a provoqué la colère de certains élus de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes).
Mais ce sont les propos tenus dans un second temps qui ont bien déclenché une tempête médiatique et politique. Face à des journalistes, José Gonzalez a estimé qu'il n'était "pas là pour juger si l'OAS a commis des crimes". "Si je vous emmène avec moi en Algérie, (...) dans le Djebel, vous verrez beaucoup beaucoup beaucoup d’Algériens qui n'ont jamais connu la France, et qui nous disent: 'monsieur, quand est-ce que vous revenez'" a-t-il enchaîné.
Cette référence à l'Organisation de l'armée secrète (OAS) a provoqué la colère de nombreux élus et membres de la société civile. Car l'OAS est une organisation terroriste proche de l'extrême droite fondée en 1961 et ayant pour but la défense de la présence française en Algérie. Et ce, à n'importe quel prix, y compris la violence.
Dès lors, le mouvement multiplie les attentats en Algérie, mais aussi en France. L'OAS essaye même d'assassiner le président de la République d'alors, Charles de Gaulle, le 22 août 1962 lors de l'attentat du Petit-Clamart. La DS présidentielle est mitraillée et le chef de l'État s'en sort miraculeusement. Au total, les attaques de l'OAS ont coûté la vie à au moins 2.200 personnes en Algérie et 71 en France, sans compter les milliers de blessés des deux côtés de la Méditerranée.
Les historiens spécialistes de la guerre d'Algérie s'accordent sur le caractère terroriste de l'OAS, rendant les déclarations de José Gonzalez encore plus sensibles. L'écologiste Sandrine Rousseau a notamment estimé que ces paroles faisaient "voler en éclats" la dédiabolisation du RN. Une première polémique qui devrait accentuer les tensions entre les différents groupes du Palais Bourbon.
Commentaires
Afin d'assurer la sécurité et la qualité de ce site, nous vous demandons de vous identifier pour laisser vos commentaires.
Cette inscription sera valable sur le site RTL.fr.