François Hollande était l'invité exceptionnel de RTL jeudi 14 décembre. Quatre-vingt-dix minutes pour défendre son bilan, pour juger l'action d'Emmanuel Macron et dispenser ses bons conseils. Ce qui m'a frappé d'abord, c'est de voir à quel point il ne peut pas se passer de politique. Cela m’a fait penser à Nicolas Sarkozy, qui disait que la politique c'était comme une drogue, qu'il allait avoir du mal à retirer la seringue.
C'est exactement ce que vit François Hollande. Regardez le temps que Nicolas Sarkozy a mis à s'en détacher. Enfin si l'on peut dire qu'il s'en est détaché un jour, parce qu'il continue lui aussi à recevoir comme un chef d'État ou comme un chef de parti.
Ce qui m'a frappée aussi, c'est que, comme Nicolas Sarkozy, François Hollande refait l'Histoire. Il nous raconte qu'il a renoncé en toute lucidité, parce que la gauche était divisée - avec ces "frondeurs" qui lui ont mis un "coup d'épée dans le dos" - et qu'il n'était pas en mesure de rassembler.
Mais ce n'est pas la gauche qu'il n'était pas en mesure de rassembler. C'était les Français qu'il n'était plus en mesure de convaincre. Son renoncement tient en une phrase : les Français ne voulaient plus de lui. C'est sans doute douloureux à entendre, mais c'est la vérité.
Je l'ai trouvé moins sévère avec Emmanuel Macron que ce à quoi on aurait pu s'attendre. Il était même presque bienveillant. En fait, François Hollande est au diapason des sondages. En septembre, il avait sonné la charge contre le Président Macron au moment où il plongeait dans les sondages.
Mais maintenant que les sondages remontent un peu, que les manifs ont fait flop, et surtout que les enquêtes d'opinion montrent que les Français estiment qu'il faut donner du temps au Président, François Hollande est plus indulgent envers son successeur. Il souhaite qu'il réussisse. Comme s'il ne fallait pas trop insulter l'avenir.
François Hollande ne veut pas revenir. Il veut "être". Être celui par lequel passera la reconquête du Parti socialiste. Être celui qui distillera quelques conseils utiles (bien sûr) au Président. Mais on se pince ! Surtout lorsqu'on l'entend faire des propositions sur Notre-Dame-Des-Landes : dire qu'il faut évacuer la ZAD, parce que lui n'a pas pu à cause du terrorisme ; expliquer qu'il était "pour" l'aéroport au départ, puis "contre" aujourd'hui, alors que sa ministre Cécile Duflot affirmait qu'il y avait toujours été opposé.
Vous savez, les anciens présidents devraient s'appliquer un devoir de réserve. Mais que voulez-vous, l'envie d'exister est plus forte que tout.
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