Un fidèle en remplace un autre. Aussitôt Patrick Stefanini, le bâtisseur de la campagne de François Fillon, a-t-il mis fin à ses fonctions de directeur de campagne - sa démission prenait effet à l'issue du meeting du candidat de la droite au Trocadéro dimanche 5 mars - que Vincent Chriqui a été désigné pour le remplacer. Régenter la campagne, définir la stratégie politique, cibler les déplacements ou encore assurer quotidiennement le service après vente... Ces missions, périlleuses dans une période où Les Républicains appellent au retrait de la candidature François Fillon, vont désormais occuper toutes les journées de Vincent Chriqui. "L’urgence est de remobiliser notre famille politique autour de François Fillon", racontait celui qui brigue le siège de député dans la 10e circonscription de l'Isère à nos confrères du Dauphiné Libéré au lendemain de sa nomination.
À 43 ans, cet énarque, jusque-là cantonné au second rôle dans cette campagne, - il était trésorier de Force républicaine, le micro-parti de François Fillon - est propulsé chef d'équipe, numéro un de la nouvelle cellule du candidat de la droite. L'ensemble de l'organigramme de campagne devrait, quant à lui, être dévoilé "dans les prochains jours", dixit François Fillon, interrogé sur le plateau du 20 Heures de France 2 le 5 mars. Éric Ciotti, Luc Chatel et François Baroin, tous les trois présents sur l'esplanade du Trocadéro, pourraient occuper des fonctions d'importance.
Poste-clef nécessite bien sûr homme de confiance. Ce n'est pas ce qui manque entre les deux hommes, qui partagent des idées et des combats politiques depuis 2002. Cette année-là, Vincent Chriqui, embauché au ministère de l'Économie, réussit à séduire le jeune ministre des Affaires sociales du gouvernement Raffarin grâce à une simple candidature spontanée.
C'est lui, qui comme conseiller budgétaire, pilotera en coulisses l'épineuse réforme des retraites de 2003. Sous l'aile de François Fillon aux Affaires sociales (2002-2004), Vincent Chriqui le restera à l'Éducation nationale jusqu'en juin 2005, date à laquelle son mentor quitte le gouvernement. François Fillon s'en va, mais Vincent Chriqui "continue sa progression", souligne France Bleu Isère, et devient directeur de cabinet du ministre du travail Gérard Larcher, filloniste de la première heure lui aussi.
Une fois à Matignon, François Fillon s'octroie de nouveau les services de celui qu'il a biberonné, en le nommant conseiller parlementaire. Trois ans plus tard, Vincent Chriqui, "considéré à l'époque comme l'un des plus libéraux du cabinet Fillon", selon ses dires, prend encore du galon en prenant la tête du Centre d'analyse stratégique, organisme de réflexion, d’expertise et de concertation placé sous l'autorité directe du premier ministre.
Au-delà des dorures des ministères, Vincent Chriqui se confronte, lui aussi, au suffrage universel. Il est élu haut la main maire de Bourgoin-Jallieu, commune du nord-Isère d'un peu moins de 30.000 habitants, pour la première fois en mars 2014, au terme d'une quadrangulaire. Une campagne de terrain au cours de laquelle il avait reçu la visite de... François Fillon.