Sans concertation, le gouvernement a annoncé samedi 16 septembre l'instauration de la vente à perte du carburant, à partir du mois de décembre 2023 et pour une période de six mois. Cette mesure doit encore être votée au Parlement. Elle consiste à vendre l'essence à un prix moins élevé qu'elle n'a été achetée.
Cette décision est critiquée par les professionnels du secteur. "Nous, on ne peut pas se permettre de faire de la vente à perte. C'est mettre la clé sous la porte", s'exclame un pompiste de Lunéville au micro de RTL. La vente à perte du carburant renvoie au même principe que celui des soldes : le but est de réduire le prix du carburant pour les automobilistes.
Si l'on en croit les propos du porte-parole de l'Élysée Olivier Véran au Grand jury de RTL dimanche 17 septembre, il y aurait 25% de réduction sur le prix global à la pompe. Cela représenterait 50 centimes sur les 2 euros au litre selon l'ancien ministre de la Santé. Cependant, la vente à perte pose plusieurs problèmes.
Tout d'abord, des taxes incompressibles comme la TICPE font monter le prix au litre de 60 centimes. Le prix ne passera donc jamais en dessous de ce niveau, et les automobilistes ne vont pas gagner 50 centimes par litre, c'est un scénario irréaliste selon les acteurs du secteur.
Cette décision est une première depuis 60 ans en France. En effet, depuis 1963, la revente à perte est illégale, sauf dans certains cas précis, comme les soldes de vêtements par exemple.
Les professionnels sont ulcérés en raison de la double exigence du gouvernement, qui demande aux grandes surfaces de vendre à perte le carburant et de réduire les prix de l'alimentation simultanément. C'est un choix politique pénalisant pour les professionnels qui se fera ressentir sur le prix du chariot.
La raison ? Le gouvernement n'a plus aucune marge sur le budget de l'année prochaine, et renvoie donc la balle aux distributeurs. C'est un coup politique pour ne pas subventionner le pétrole via le bouclier énergétique de 40 milliards comme l'avait fait l'État. L'année prochaine, l'exécutif prévoit aussi de limiter la hausse du prix de l'électricité. Cette annonce est habile, car si les prix à la pompe restent hauts, les distributeurs seront pointés du doigt au lieu du gouvernement.
Enfin vient la question écologique. "Mon second mandat sera écologique ou ne sera pas", avait avancé Emmanuel Macron lors de sa réélection en avril 2022. Force est de constater que la planification écologique prévue par le gouvernement pour se passer de pétrole se fera par la fin des voitures au Sans-Plomb ou au diesel d'ici à 2035. Tout le monde devrait alors rouler à l'électrique.
Ainsi, la demande de subvention de l'essence par les pétroliers apparaît quelque peu contradictoire vis-à-vis de cet objectif.