Le budget est au cœur des annonces de l'exécutif, depuis le discours de politique générale d'Édouard Philippe, le 4 juillet. Dans une interview accordée aux Échos, le Premier ministre a détaillé la feuille de route qu'il comptait appliquer pour réaliser 80 milliards d'économies durant le quinquennat d'Emmanuel Macron.
Invité de RTL ce jeudi 13 juillet, le député de l'Oise et président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, Éric Woerth, salue cette volonté mais appelle le gouvernement à "changer sa manière de dépenser" et à réaliser des réformes structurelles.
Rappelant qu'Emmanuel Macron avait plaidé pour 60 milliards d'euros d'économies lorsqu'il était en campagne pour l'élection présidentielle, il table désormais sur 80 milliards. "Ce sera même plus proche de 100 milliards", pronostique l'ancien ministre du Budget de François Fillon. "Le budget dérive naturellement, un peu comme un iceberg", explique Éric Woerth.
S'il salue cette volonté de réduction du déficit budgétaire, le membre des Républicains déplore néanmoins l'effort de rigueur imputé à la Défense. "L'armée est maltraitée", assène-t-il. "Trop d'efforts, ça remet en cause la souveraineté du pays. (...) Il faut avoir plus d'autonomie".
Sans être dans une opposition frontale, Éric Woerth, approuve la mise en place de la défiscalisation des heures supplémentaires annoncée par le ministre de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin. "Il faut inciter à travailler plus", déclare l'ancien proche de Nicolas Sarkozy, qui avait fait de cette mesure son slogan de campagne présidentielle en 2007.
Le député note néanmoins qu'Édouard Philippe a été contredit par Emmanuel Macron quelques jours après son discours de politique générale, notamment au niveau du calendrier des réformes de l'Impôt sur la fortune (ISF) et la taxe d'habitation, qui interviendront finalement en 2018 au lieu de 2019. "Ça montre une sensibilité à l'opinion publique et peut-être aux commentaires de presse pas vraiment opportune".