Jean-Marie Le Pen refuse de se rendre à sa convocation en vue de sa mise examen dans l'enquête sur des soupçons d'emplois fictifs d'assistants d'eurodéputés frontistes, selon son courrier au juge d'instruction consulté mercredi 10 avril par l'AFP.
Le cofondateur du Front national, devenu Rassemblement national (RN), est convoqué jeudi 11 avril au tribunal de Paris, selon son entourage. Pour justifier son refus, Jean-Marie Le Pen invoque notamment le recours qu'il a formé contre la levée de son immunité parlementaire, votée le 12 mars par le Parlement européen et qui avait ouvert la voie à cette convocation qui lui avait été signifiée le 26 mars.
L'eurodéputé fait aussi valoir que le juge a demandé la levée de son immunité pour plusieurs chefs, dont notamment l'abus de confiance, l'escroquerie en bande organisée et le travail dissimulé, mais pas pour "détournement de fonds publics et complicité". Or ces infractions sont aussi visées par l'information judiciaire en cours et Jean-Marie Le Pen en conclut qu'il est fondé à faire valoir encore son immunité parlementaire.
Saisis depuis fin 2016, les juges d'instruction soupçonnent le RN et ses dirigeants, dont Marine Le Pen, d'avoir "de manière concertée et délibérée" mis en place un "système de détournement" des enveloppes allouées par l'UE à chaque député pour rémunérer des collaborateurs parlementaires (21.000 euros mensuels), afin de permettre au parti de faire des économies sur ses salaires. Le Parlement européen a estimé son préjudice à 6,8 millions d'euros sur la période 2009-2017.
Après Marine Le Pen et son compagnon Louis Aliot, Yann Le Pen, la sœur de la présidente du parti, avait été mise en examen le 5 février dernier pour "recel de détournements de fonds publics" dans le cadre de l'enquête visant le RN. À la mi-mars, les juges avaient mis en examen 19 personnes.