C’est l'homme dont on parle beaucoup en ce moment : Laurent Berger, le patron de la CFDT. On dit qu'il est l'homme clé de la contestation. C'est plutôt un modéré. Même si à l’Elysée et à Matignon, on trouve qu’il s’est peu à peu radicalisé. Il est à la tête d’un syndicat réformiste, le 1er syndicat de France, celui qui a toujours signé les réformes équilibrées.
S’il y avait bien un homme sur lequel il fallait s’appuyer, c’est lui. Seulement voilà, il y a eu un coup de canif dans le contrat. Laurent Berger était d’accord à l’origine pour toper avec Emmanuel Macron sur une réforme des retraites à points, une réforme juste pour lui. Il ne voulait pas entendre parler de mesure d’âge.
Laurent Berger a été réélu à la tête de la CFDT en prenant l’engagement qu’il ne soutiendrait d’aucune façon, un recul de l’âge de départ à la retraite. Le président, lui, a changé de version, et s’est mis à dos ce potentiel allié.
Pourquoi Emmanuel Macron a-t-il changé d'avis ? Parce qu’on a beaucoup dépensé, parce qu’après le Covid, il y a eu le "quoiqu’il en coûte", parce que la retraite des fonctionnaires coûte 30 milliards par an à l’Etat... Emmanuel Macron a préféré opter pour une mesure d’âge (le recul de l’âge légal) qui rapporte plus d’argent dans les caisses.
Mesure qui satisfait Bruxelles qui nous demande d’être dans les clous des 3% de déficit. Mesure qui permet de faire les investissements par exemple sur la transition écologique comme on le dit à Bercy. Mesure qui permet aussi de rallier la droite.
Il n'y a plus d'accord possible entre Macron et Berger
Alba Ventura
Il n'y aura donc pas d'accord entre Laurent Berger et Emmanuel Macron ? Non il n’y a plus d’accord possible. Pour autant Laurent Berger le dit et le répète, il est un républicain. Il considère qu’il y a une légitimité démocratique. Si la loi est votée au Parlement, elle sera validée. C’est aussi pour cela qu’il s’en prend aux Insoumis. Ceux qui empêchent la discussion ou qui traitent un ministre "d’assassin", ce n’est pas dans sa conception républicaine.
Ce qui est important pour Laurent Berger c’est la notion de "dignité". D’ailleurs, il a dit le 13 février lors d’un colloque à SciencesPo à propos des manifestations, qu'il s'agit d'un "mouvement de dignité du monde du travail". Vous voyez, c’est ça la différence avec des gens qui ont des valeurs, qui peuvent être en désaccord, qui le manifestent parfois durement mais qui ne sont jamais dans la surenchère.
Qu’il y ait aujourd’hui des leaders syndicaux comme Laurent Berger, que l’on soit d’accord ou pas avec eux, c’est extrêmement rassurant.