Petit point sur les soutiens, les ralliements et les
trahisons. Nous vous disions la semaine dernière, que c’est un mauvais
feuilleton à petit budget. Et ça continue dans une campagne où le président sortant
n’est pas candidat, et où aucun débat ne survit plus d’une journée. Les soutiens, ralliements et trahisons finissent bien par
raconter quelque chose de l’état de notre univers politique.
Ségolène Royal appelle ainsi à voter Jean-Luc Mélenchon. C’est ce qu’elle a mercredi hier-soir sur BFMTV, après un
panégyrique au candidat de la France Insoumise. Elle estime que le vote utile à gauche, c’est Jean-Luc
Mélenchon. "Si la gauche veut être au second tour", explique-t-elle, "il
faut qu’elle se rassemble derrière lui".
Quel itinéraire politique ! Avec Ségolène Royal, c’est simple et sinueux. Elle a des comptes à régler. Le PS ne l’a pas soutenu aux dernières élections sénatoriales. Emmanuel Macron n’a jamais répondu quand elle se montrait disponible. D’une pierre, deux coups… Jean-Luc Mélenchon connait la bête politique. Il remercie Ségolène Royal, "son mérite est d’autant plus respectable", écrit-il, "car je sais que son soutien n’est pas un ralliement". Une façon polie de garder ses distances, et de n’être redevable de rien.
Qu’est-ce que tout cela révèle ? D’abord, que les fins de carrières en politique sont décidément amères. C’est comme le ralliement d’Éric Woerth au président sortant. Une semaine après, l’ancien LR s’est expliqué mercredi à l’assemblée devant la commission des finances qu’il préside : "je ne soutiens pas le premier mandat d’Emmanuel Macron, j’ai dit que j’allais soutenir le deuxième mandat".
Cela vaut la maire ex-LR de Calais, Natacha Bouchart, qui
justifiait son ralliement, parce "qu’Emmanuel Macron est le plus en
capacité de gagner la prochaine élection présidentielle". Miser sur le mieux placé, c’est une bonne raison. Ce ne sont plus des ralliements, mais un concours d’humour.
Et c’est la même tonalité chez ceux qui rejoignent Éric Zemmour ? Les ralliements se ressemblent. Celui de Guillaume Peltier, ancien numéro 2 des LR, puis celui officialisé dans le Figaro ce jeudi de Nicolas Bay, ancien porte-parole de la campagne de Marine Le Pen.
Dans les deux cas, ce sont des itinéraires tortueux, deux hommes qui n’auront jamais cessés de changer de boutiques. Tous ces ralliements racontent deux choses, que la campagne présidentielle reste globalement médiocre pour que de tels mouvements deviennent des évènements notables.
Ce qui se joue aussi, c’est une décomposition, pré-recomposition du paysage, qui ne peut égayer que les amateurs les plus pointus de politiques. Il n’est pas sure que ces trahisons… ralliements ou soutiens influencent le moindre vote. Et ils n’amèneront pas d’électeurs dans les urnes au contraire même.
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