ÉDITO - Législatives : "Peut-être y a-t-il une forme de vertige de la part de Jordan Bardella et Marine Le Pen", analyse Alba Ventura

Jordan Bardella rétropédale concernant un poste à Matignon, il n'y ira qu'en cas de majorité absolue à l'Assemblée. Une décision qu'il justifie par les mauvaises finances du pays.

Marine Le Pen et le président du RN et leader de la liste électorale Jordan Bardella, le 3 mars 2024.

Crédit : CHRISTOPHE SIMON / AFP

EDITO - Bardella, la valse à deux temps

00:02:29

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Pas facile d'y voir clair dans les intentions du Rassemblement national. Après avoir fait volte-face sur la réforme des retraites et la baisse de la TVA, Jordan Bardella a mis des conditions à son entrée à Matignon. Il a toujours dit très clairement qu’il était prêt à être Premier Ministre, pendant toute la campagne il a réclamé au président de dissoudre pour entrer à Matignon. Désormais, il dit que s’il n’a pas de majorité absolue il n’est pas question qu’il y aille. C’est le dernier de ses renoncements en date.

Jordan Bardella, immédiatement après les européennes, avait mis un petit coup de frein en annonçant qu’il ne reviendrait pas tout de suite sur la réforme des retraites, alors que Marine Le Pen l'avait promis. C’était : "Oui on le fera, mais on s’occupera d’abord des carrières longues". Donc, l’abrogation totale de la réforme, ce n’est pas pour tout de suite.

Pareil pour la baisse de la TVA sur les produits de première nécessité. "Ce sera dans un second temps", disait-il. C’est la valse à deux temps au RN. Voilà pourquoi je dis que l’on a un peu du mal à y voir clair dans les intentions de ce parti qui, le soir, est prêt à gouverner et le matin pourrait passer son tour.

Les mauvaises finances du pays comme prétexte

Jordan Bardella justifie ses revirements par l'état des finances du pays, il veut un audit. Marine le Pen a dit la même chose au Figaro Magazine. Mais, on le connait cet audit. Cela s’appelle le rapport de la Cour des comptes qui est public et publié tous les ans. Jordan Bardella pas plus que Marine Le Pen ne peuvent le découvrir.

Ils ont fait toutes ces promesses en connaissant l’état du pays et en sachant qu’ils ne pourraient pas les tenir. Sans dessiner un scénario catastrophe : un programme à 100 milliards, c’est loin d’être simple à financer. D’ailleurs, lorsque Jordan Bardella est venu à RTL, il a confié que ce ne serait pas le grand soir et qu’il se limiterait à quelques mesures symboliques.

Réclamer un audit, c’est juste un prétexte pour gagner du temps et pouvoir dire que compte tenu de l’ardoise on ne peut pas tout se payer.

Bardella à Matignon, un mauvais coup pour le RN ?

Peut-être y a-t-il une forme de vertige de la part de Jordan Bardella mais aussi de Marine le Pen. Cette dernière est très en retrait, sans doute parce qu’au RN on continue de faire tourner les calculettes et de faire chauffer les méninges. On peut bien promettre la suppression du droit du sol, mais il faut pouvoir réviser la Constitution. On peut bien promettre de répondre au pouvoir d’achat des Français, mais il s’agit de ne pas mettre l’État en banqueroute.

Marine Le Pen a compris qu’elle risquait de tomber dans un piège et que les quelques mois de Jordan Bardella à Matignon pouvaient dilapider son capital politique et compromettre ses chances d’arriver à l’Élysée.

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