Emmanuel Macron doit parler. Le flou et les manœuvres ne peuvent pas durer trop longtemps. Il doit bel et bien expliquer, ce qu’il tire comme conclusion des résultats de dimanche et dire ce qu’il peut et ce qu’il compte faire. Emmanuel Macron doit parler, parce qu’il y a toujours chez le chef de l'État la tentation de laisser le temps filer, de jouer la montre, de laisser maturer la situation.
Deux hauts responsables de la majorité racontent dans le détail comment il a été envisagé jusqu’à mardi matin de démissionner Elisabeth Borne et de la charger des affaires courantes du gouvernement, de se lancer dans une longue période d’attente, en suspension, le temps de trouver une majorité et d’intégrer de nouveaux ministres. Affolés par une telle perspective de flottement, plusieurs de ses proches ont dissuadé Emmanuel Macron de se lancer dans une telle opération.
Le président consulte encore les partis politiques, est-ce trop tôt pour s’exprimer ? Ces consultations se terminent ce mercredi, avant qu’il ne parte pour plusieurs jours à l’étranger. S’il peut parler aux Français, c’est maintenant, avant longtemps…
D’autant qu’Emmanuel Macron a testé auprès des responsables de partis politiques, des idées qui méritent d’être expliqué au grand jour, notamment l’idée d’une coalition nationale ou d’un gouvernement de coalition. Il l’a testé auprès des patrons de partis, de Fabien Roussel à Marine Le Pen.
Edouard Philippe et François Bayrou l’ont porté publiquement. Tous les responsables de l’opposition l’ont écarté. Le secrétaire national du PC a par exemple dit au président que les communistes avaient “déjà participé à un gouvernement d’union nationale en 1945, mais que c’était du haut niveau, pas du bricolage”.
Donc cette idée est-elle mort-née ? Personne n’y croit sérieusement. L’invitation à une union nationale est vue comme une manœuvre, pour en masquer une autre, parce que parallèlement des responsables de la majorité : Elisabeth Borne, Olivier Véran, Gérald Darmanin, mènent une opération de débauchage individuelle en piochant une vingtaine de députés à gauche, une vingtaine à droite, cela pourrait faire une majorité.
L’opération est assez éloignée de l’idée d’une union nationale. Le responsable d’un important parti d’opposition y voit “une tentative un peu naïve pour débrancher les oppositions”. Emmanuel Macron n’aurait-il pas encore totalement accepté le résultat des élections ? Il cherche un moyen de gouverner. C’est normal. Emmanuel Macron cherche un minimum de stabilité pour ne pas être obligé de quémander ou de construire des majorités au coup par coup.
Mais c’est bien vers ça que l’on semble se diriger pour sortir de ce jeu politique. Il n’y a qu’une solution. Emmanuel Macron doit expliquer aux Français, de vive voix, son interprétation des résultats, comment il prend en compte les résultats de dimanche. Et dire ce qu’il peut, et ce qu’il veut faire dans la situation actuelle. Les manœuvres politiques, d’où qu’elles viennent, ne peuvent pas durer très longtemps.
Commentaires
Afin d'assurer la sécurité et la qualité de ce site, nous vous demandons de vous identifier pour laisser vos commentaires.
Cette inscription sera valable sur le site RTL.fr.