ÉDITO - Intelligence artificielle : comment les Gafam s'apprêtent à tout miser sur le nucléaire

Le nucléaire semble avoir encore de beaux jours devant lui. Et ce, grâce aux géants de la tech qui ont décidé d'investir des milliards sur cette énergie. Le point critique pour le développement de l'intelligence artificielle, c'est ce qu'on appelle la prise de l'électricité : une requête à un système d'intelligence artificielle consomme dix fois plus qu'une demande sur Google. 

Il faut donc des monstres informatiques pour explorer instantanément tout l'Internet puis calculer. Dans ces monstres, il y a des puces électroniques ultra-puissantes, à 40.000 dollars pièce, mais qui sont aussi ultra-voraces. Tous les géants de la tech, les plus avancés, Google, Amazon, Apple, Microsoft, sont donc en train de s'équiper eux-mêmes pour produire eux-mêmes leurs propres courants.

Pour être neutres au niveau du carbone en 2030, ils misent sur le nucléaire. Les renouvelables, c'est très bien, mais ça ne marche pas en permanence, c'est intermittent. Ça ne permet pas de faire fonctionner 24 heures sur 24 des systèmes aussi puissants, d'où le nucléaire.

Les investissements massifs des Gafam

Si cette technologie coûte beaucoup d'argent et nécessite des années de construction, les Gafam parient sur ce qu'on appelle les SMR, "Small Modular Reactor", de taille plus petite que nos grandes cathédrales. Le 16 octobre, Amazon a investi 500 millions de dollars dans une start-up qui s'appelle X-Energy. 

Deux jours plus tôt, Google annonçait également un contrat avec une autre start-up. Tandis que Microsoft va faire rouvrir la centrale nucléaire désaffectée de Three Mile Island aux États-Unis en Pennsylvanie. Tous s'apprêtent à investir des milliards.

En France, ces SMR ne fonctionnent pas encore vraiment. Ces machines de 300 mégawatts, cinq fois moins que l'EPR français de Flamanville par exemple, seraient plutôt installées à côté des data centers, ces parcs informatiques géants. 

Sur le nucléaire, bientôt une révolution comme celle d'Elon Musk avec SpaceX

Technologie prometteuse, certains de ces promoteurs imaginent déjà qu'on pourrait standardiser les équipements pour les produits en série. Les sceptiques rappellent qu'on n'a toujours pas réglé la question du stockage des déchets, ce n'est pas rien.

Par ailleurs, les Gafam ont davantage de moyens que les grands énergéticiens, et pourraient renouveler complètement l'approche. Il pourrait donc se passer sur le nucléaire le même type de révolution que celle qu'a réussie Elon Musk avec SpaceX, grâce à ces fusées réutilisables qui ont fait baisser énormément le coût d'accès à l'espace. 

La bonne nouvelle, c'est que la sortie du carbone connaîtrait un formidable coup d'accélérateur. La mauvaise, c'est que l'expertise française en matière de centrale prendrait un sacré coup de vieux, analogue à celui qu'a pris notre fusée Ariane, malgré ses qualités, face aux prouesses technologiques d'outre-Atlantique.

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