ÉDITO - "Élisabeth Borne va rester à Matignon si personne n'est capable de proposer mieux", estime Alba Ventura
En avril dernier, Emmanuel Macron lui a donné "100 jours" pour relancer l'action de son gouvernement. Fragilisée par la crise des retraites, Élisabeth Borne ne semble pourtant pas en danger aujourd'hui.
Le premier sujet que lui avait demandé le président de la République était de tourner la page des retraites. Les 100 jours devaient être l'échéance permettant de retrouver un peu d'apaisement après des mois de débats houleux et des manifestations partout dans le pays.
Trois mois après, les Français n'en parlent plus. Cela ne veut pas dire qu'ils ont admis ou pardonné au chef de l'État la manière dont cette réforme a été conduite. Mais c'est acté.
D'un point de vue "technique", la réforme des retraites est sur les rails. Et franchement, Emmanuel Macron ne pouvait espérer mieux.
Ces 100 jours, c'était aussi pour donner un cap. Mais on ne peut pas dire que la Première ministre a vraiment donné une nouvelle impulsion. Elle essaie de dire qu'elle l'a fait. Vous savez, Élisabeth Borne emploie souvent l'expression "je délivre", "on a délivré". "Délivrer" signifie remettre quelque chose à quelqu'un. Oui, mais ça ne veut pas dire que tout a été réalisé.
Cela veut dire qu'il y a des chantiers partout... France Travail (le nouveau Pôle emploi), la réforme du lycée professionnel, le sujet immigration repoussé, le plan Climat dont la feuille de route devrait être dévoilée cette semaine. Autant dire qu'il y a du pain sur la planche.
Sans compter qu'avec les émeutes, il va y avoir un projet de loi de reconstruction d'urgence et toute une réflexion sur la responsabilisation des parents et l'utilisation des réseaux sociaux. C'est le problème de fixer un cap à trois mois. Il peut se passer tellement de choses !
L'absence d'alliance avec Les Républicains
L'objectif était par ailleurs de construire une coalition avec Les Républicains. Mais à chaque épisode - les retraites, l'immigration et les banlieues - on a bien vu que Les Républicains et les macronistes se sont éloignés un peu plus chaque jour.
Ils n'ont pas trouvé de zone de gouvernement commune. Il y a des points communs avec certains mais pas d'alliance possible. La macronie n'est pas LR et vice versa. Ils peuvent peut-être s'accorder sur certains textes, mais c'est loin d'être gagné. Prenez le sujet de l'immigration, Élisabeth Borne a l'air de penser qu'il y a un passage, on verra à l'automne.
Toujours est-il qu'Élisabeth Borne va rester à Matignon si personne n'est capable de proposer mieux. En tout cas, elle n'a pas l'air d'être sur le départ dans l'interview qu'elle a donnée au Parisien. On ne voit pas émerger non plus quelqu'un qui serait capable de coaliser, de dessiner les contours d'une nouvelle majorité. Parce que c'est bien ça qui est en jeu pour faire voter les textes.
On verra si le président a une idée de génie le 14-Juillet...
