Emmanuel Macron est attendu ce jeudi en fin de matinée dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne pour prononcer un discours sur l'Europe. Un discours qui, dit-on, va marquer l'entrée en campagne du président à 7 semaines des élections européennes. Sur le papier, Emmanuel Macron est le mieux placé pour lancer cette campagne. S'il y a un homme politique qui a chevillé au corps la défense de l'Europe, c'est bien lui. Et ce discours qu'il va prononcer fait écho à son tout premier discours sur l'Europe quelques mois après son accession au pouvoir en septembre 2017, au même endroit, d'ailleurs, à la Sorbonne.
Sept ans se sont écoulés, jalonnés de grandes crises, la Covid, la crise migratoire, l'invasion de l'Ukraine, l'inflation... Donc le président Macron est parfaitement dans son rôle en venant parler d'Europe. En revanche, à l'aube d'une échéance électorale, les européennes, sur le plan politique, c'est quand même beaucoup plus compliqué. Emmanuel Macron, ça fait 7 ans qu'il est au pouvoir et le pouvoir, ça use. Dans une élection, même européenne, qui arrive là à mi-mandat, c'est le bilan qui prend le pas. Et le Rassemblement national, qui est largement en tête, l'a bien compris. Jordan Bardella veut faire de ce scrutin un référendum anti-Macron. Et donc, tout y passe : le dérapage des déficits, les violences dans la société, l'école, la santé, le pouvoir d'achat...
Donc, le président peut bien vouloir parler d'Europe, montrer ce qui marche ou montrer comment l'Europe se défend, Emmanuel Macron aura beau rappeler qu'il est monté au créneau pour réviser la PAC en faveur des agriculteurs, qu'il a répondu présent pour voter les aides en faveur de l'Ukraine, contrairement aux députés RN, il n'échappera pas à sa propre politique. N'oublions pas que c'est la première fois que les électeurs vont s'exprimer dans les urnes après la réforme des retraites.
10 points séparent la liste Rassemblement national de la liste Renaissance qui est soutenue par le président Macron. Même si on ne sait rien de ce que sera la mobilisation, beaucoup de gens ne savent pas encore qu'il y a une élection le 9 juin prochain. Mais 10 points, c'est beaucoup. Rien à voir avec la précédente élection en 2019 où le RN avait remporté l'élection européenne avec un point de différence seulement. Et par ailleurs, il y a la liste de gauche de Raphaël Glucksmann qui fait une percée, il capte lui aussi des électeurs macronistes.
Et puis, la mauvaise nouvelle pour Emmanuel Macron, c'est le vote des plus de 65 ans, des gens qui, traditionnellement se mobilisaient pour les élections, qui, jusque-là, refusaient les extrêmes et qui se tournent de plus en plus vers Jordan Bardella. Donc, il va falloir plus qu'un discours sur l'Europe pour rassurer cet électorat qui a majoritairement voté Macron à la dernière présidentielle.
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