ÉDITO - Collège, redoublement, brevet : Gabriel Attal emploie "la méthode forte", selon Alba Ventura

Redoublement, changement de programmes, groupes de niveaux, brevet obligatoire pour aller au lycée... Gabriel Attal, le ministre de l'Éducation nationale, entend bien redresser la barre au collège alors que des élèves dégringolent.

On voit bien que Gabriel Attal s’attaque au collège comme il s’est attaqué au harcèlement : avec la méthode forte. Et il y a urgence, parce que cela fait 40 ans que personne n’appuie sur le frein. 40 ans que le niveau des élèves (classement PISA) s'effondre à l’écrit et en maths. 

Quand vous pensez que la moitié des élèves au collège ne sait pas combien il y a de quarts dans 3/4, c’est effrayant. Donc ce que fait Gabriel Attal, c’est remettre de l’exigence à l’école. Avec de nouveaux programmes, avec la méthode Singapour en mathématiques, parce que ce n’est pas un hasard si les petits asiatiques sont premiers avec des groupes de niveau en maths, pour faire progresser ceux qui ont le plus de difficultés, et hisser ceux qui ont le plus de facilités.

Attal réhabilite le brevet comme un véritable examen de passage

Ce que fait également Gabriel Attal, c’est remettre de l’autorité avec le redoublement dont la décision revient à l’équipe éducative et non aux parents. En fait, le ministre dit 2 choses :
1. L’école, ce n’est pas l’école des fans pour passer dans la classe supérieure, il faut avoir le niveau.
2. Ce sont les profs qui jugent si un élève a les capacités pour poursuivre ou pas, ce sont les profs qui ont le dernier mot !

L’autre chose importante : c’est le brevet obligatoire pour passer au lycée. Il réhabilite le brevet comme un véritable examen de passage. Cela fait beaucoup de changements, mais l’intention est bonne.

C’est un changement de paradigme complet

Alba Ventura

Il faut mettre en œuvre tout cela, maintenant, parce que cela va bousculer tous les repères, parce que l’Éducation nationale s’est habituée à fonctionner avec ce flux d’élèves qui passent d’une classe à l’autre, avec à l’esprit l’égalité pour tous. Parce que les groupes de niveau, c’est une nouvelle organisation. Parce que les parents se sont habitués à décider du sort de leurs enfants. Parce que le redoublement est vu comme une sanction, pas une façon de repartir sur de bons rails. C’est un changement de paradigme complet. 

Quels moyens ?

Les points de frictions avec les parents ou les syndicats ne manqueront pas. Cela veut dire qu'il faudra plus de moyens. C’est une réforme nécessaire, qui demande des moyens considérables. Des moyens ont déjà été engagés, dans la formation, il y a eu des revalorisations de salaires, ce ne sera sans doute pas suffisant parce que Gabriel Attal veut faire du "sur-mesure" et il a raison. 

Sans moyens, ce n’est pas possible. L’un des artisans du classement PISA dont on a beaucoup parlé, l’allemand Andreas Schleicher qui regarde à la loupe l’enseignement dans le monde entier, explique que "les bons systèmes éducatifs sont ceux où l’on aligne les moyens avec les besoins".

Les moyens doivent être mis parce qu’il n’est pas normal que dans ce pays, où nous avons des scientifiques formidables, nous n’arrivons pas à embarquer l’ensemble de nos enfants.

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