ÉDITO - "C'est quand même bien français cette société du dénigrement dès qu'on parle des patrons", dit Alba Ventura

De manière un peu facile, le journal Le Monde a publié un article sur le train de vie du gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau. Il est accusé d'avoir dépensé 50.000 euros en frais de transports, d'hôtel et de restaurants sur l'année 2023. Il est montré du doigt pour ses voyages en classe affaire et aurait un penchant pour les "hébergements de prestige", comme cet hôtel à Bangalore en Inde pour un G20 : 1000 euros les trois nuits.

Moi je veux bien que l'on dénonce les dérives. C'est normal de s'en prendre à cette ancienne patronne de l'audiovisuel qui payait les taxis de ses enfants avec ses notes de frais. C'est normal aussi de dénoncer Carlos Ghosn qui se fait payer son mariage par le constructeur automobile Renault, dont l’État est le premier actionnaire. 

Oui, il faut dénoncer les dérapages, mais il faut aussi être exhaustif, et dire que M.Villeroy de Galhau a aussi dormi à Francfort pour 134 euros, à Grenoble pour 58 euros, au Maroc pour 144 euros et à Marseille pour 273 euros, une veille de match de la Coupe du monde de rugby où le prix des chambres avait été majoré.

C'est évidemment plus drôle de jeter en pâture le patron de la Banque de France, qui par sa fonction est obligé de se déplacer en Europe et à l'international, qui doit aller à la Banque centrale européenne (BCE), parce que c'est là-bas qu'on fixe les taux d'intérêt et qu'on lutte contre l'inflation. Qu'il se déplace au FMI, à Washington, qu'il participe à tous les G7, à tous les G20.

À lire aussi

suicide

Après le suicide d'un salarié, un rapport épingle la papeterie de la Banque de France

Et l'on voudrait quoi, qu'il voyage en classe éco ? Même Jean-Luc Mélenchon, quand il a été pris en flagrant délit de voyager en business avait expliqué qu'il "n'avait plus l'âge de se briser le dos en classe eco". 

Je précise qu'il y a derrière cette dénonciation un syndicat, la CGT, mais c'est quand même bien français cette société de l'envie, du dénigrement dès qu'on parle d'argent ou des patrons.