ÉDITO - Agriculture : "Il va falloir que le RN fasse la démonstration qu’il met de vrais sujets sur la table avec de vraies solutions", dit Alba Ventura

À quatre mois des élections européennes, le Salon de l'Agriculture est le théâtre d'une âpre bataille entre la majorité présidentielle et le Rassemblement national. Pendant deux jours, Jordan Bardella a notamment marqué la 60e édition de sa présence, dimanche 25 et lundi 26 février. 

On l’a vu s’arrêter sur chaque stand ou presque, poser pour des selfies, prêter l’oreille aux revendications, et même consoler une dame. Et surtout, la tête de liste du RN aux européennes se positionne systématiquement en miroir d'Emmanuel Macron.

Il faut dire que le président avait ciblé le RN, responsable selon lui des désordres lors de sa visite. C'est pour cela que Gabriel Attal a été dépêché dimanche soir au Salon, après le départ de Jordan Bardella. Si le président du RN et Marine le Pen, qui sera au Salon de l'Agriculture mercredi 28 février, espèrent récupérer la colère du monde agricole, Emmanuel Macron et Gabriel Attal n’ont pas l’intention de laisser le RN batifoler tranquillement dans les allées.

Une carte à jouer pour le Rassemblement National

Pourtant, à l’applaudimètre, le Salon de l'Agriculture n’a pas toujours été un succès pour le Rassemblement national. En 2002, Jean-Marie le Pen avait été sifflé et hué dans les allées et avait dû écourter son passage. C’est Jacques Chirac qui avait plié le match.

Sauf qu’à l’époque, même si le vote agricole était toujours acquis à la droite modérée, Jean-Marie le Pen avait quand même réussi à séduire les agriculteurs et avait fait 22% des voix dans le monde paysan. Marine le Pen a eu un peu plus de mal à capter cet électorat mais le vote d’une partie des agriculteurs s'est durci. Pour le Rassemblement national, il y a une brèche aujourd’hui dans laquelle il veut s’engouffrer pour marquer des points lors des élections européennes du mois de juin... et pour les scrutins suivants.

Le Rassemblement national joue sa carte de l'opposition en faisant des propositions qui ne l'engagent pas. Par ailleurs, Jordan Bardella a un bilan à Bruxelles où il a brillé par son absence en cinq ans au Parlement européen. En France, sur la loi Egalim, le RN s’est abstenu : l’abstention, c’est parfois bien pratique, comme ça on ne peut pas être accusé de s’être opposé ou d’avoir soutenu. Alors c’est bien joli de vouloir travailler le terroir, la ruralité, mais il va falloir que le RN fasse la démonstration, au-delà de la crise, qu’il met de vrais sujets sur la table avec de vraies solutions.