"Dire 'ça va mieux', c'est comme prêcher dans le désert", analyse Alba Ventura

Près de 200.000 chômeurs de moins en novembre au mois d'avril. C'est la deuxième baisse consécutive du chômage après celle du mois de mars. Elle tombe en plein mouvements sociaux, alors que le pays est en proie aux blocages. François Hollande peut-il enfin être fondé à dire que "ça va mieux" ? Il serait plus juste de dire "ça va un peu mieux" ou "ça va moins mal". Mais bon, c'est moins sexy comme slogan ! Car ce "petit mieux", ce n'est pas encore l'inversion de la courbe du chômage. Il faut rappeler qu'on est quand même bien aidé par ce que l'on appelle "l'alignement des planètes", c’est-à-dire un pétrole bas, un euro bas et des taux d'intérêt bas.

On aurait quand même tort de cracher sur ce "léger mieux", d'autant qu'il y a d'autres petits signes : le FMI qui vient de revoirà la hausse la prévision de croissance, la consommation qui reprend des couleurs, et les entreprises qui commencent à retrouver un peu de confiance. Le problème c'est que même avec un "petit mieux", tout cela reste très fragile. Nos exportations sont en recul, le déficit flirte avec les 46 milliards d'euros, et notre dette explose à 97% du PIB.

Situation paradoxale

Reste que c'est très compliqué sur le front social. C’est tout le paradoxe de la situation. Vous avez une petite embellie sur le front de l'emploi qui tombe en pleine manifestations, en pleine grève de la SNCF, de la RATP, des raffineries et des centrales nucléaires pour réclamer le retrait de la loi Travail. Cette loi Travail dont on ne sait, si elle ne va pas encore être désossée du fameux article 2, le plus contesté (c'est celui qui favorise l'accord d'entreprise plutôt que l'accord de branche).

Mercredi 25 mai, on a d'ailleurs encore vécu un joli couac entre Bruno Le Roux, patron du groupe socialiste - a priori dans le camp du Président et du Premier ministre se disant prêt à discuter de cet article (ce qui lui a valu d'être rebaptisé "Bruno Le Relou" dans un superbe lapsus signé du porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll) -, et un Manuel Valls lui claquant la porte au nez quelques heures plus tard. Surréaliste ! À croire que leur sport favori est de se tirer des balles dans le pied.

Le gouvernement va utiliser l'embellie

À lire aussi

vacances

Chèques vacances : les retraités de la fonction publique d'État vont-ils pouvoir en bénéficier de nouveau ?

Bien sûr le gouvernement va utiliser cette embellie pour dire qu'entre les quelques réformes, le CICE, l'aide à l'embauche pour les PME et bientôt la loi Travail, le puzzle se met en place pour faire reculer le nombre de demandeurs d'emploi. Bien sûr il va utiliser cette embellie pour prendre l'opinion à témoin face à des grévistes qui veulent casser la machine.

Mais est-ce que cette baisse du chômage peut vraiment peser sur le cours des choses ? Ce n'est pas sûr quand on voit que les Français jugent le gouvernement plus responsable des blocages que la CGT, quand on mesure chaque jour un peu plus la détermination des grévistes, et lorsque même les députés les plus légitimistes commencent à douter. Dans ce contexte dire "ça va mieux", c'est comme prêcher dans le désert.