Le bras de fer se durcit entre Manuel Valls et Philippe Martinez. "Ca suffit !", dit le Premier ministre. De son côté, le secrétaire général de la CGT explique que le chef du gouvernement "joue un jeu dangereux". Entre ces deux-là, il n'y a pas de discussion possible. Pour l'instant, on a deux trains lancés à toute vitesse l'un contre l'autre. Manuel Valls cherche à sauver la loi Travail, et Philippe Martinez, à sauver la CGT. La centrale syndicale est en crise. Talonnée par la CFDT, elle a perdu entre 50.000 et 100.000 adhérents. Elle cherche à se refaire dans cette contestation.
L'enjeu pour le leader de la CGT est d'ailleurs autant de montrer au gouvernement qu'il a la capacité de le faire reculer sur la loi El Khomri que de prouver à ses troupes qu'il est l'homme de la situation. C'est pour ça qu'il est dans cette stratégie du toujours plus : à la SNCF le mot d'ordre de grève est passé d'une fois par semaine à tous les jours à partir du 31 mai. Il cherche à mobiliser le plus possible ses bastions les plus radicaux dans les transports, dans les raffineries et maintenant les centrales nucléaires. Tout ce qui peut conduire au blocage du pays.
Philippe Martinez rêve-t-il d'une grève générale ? C'est son fantasme : rééditer le blocus de 1995. On a vu pour l'instant que ça n'avait pas marché avec les routiers, puisque le gouvernement leur a donné gain de cause sur les heures supplémentaire et qu'ils ont mis fin aux barrages. Surtout le mouvement de la CGT n'a pas encore trouvé d'écho dans la Fonction publique ni dans le secteur privé. L'unité qu'il tente de recréer se limite seulement aux plus extrémistes pour le moment. Cela n'a pas échappé à Manuel Valls, qui exclut le retrait de la loi.
Sauf qu'il faudra bien que l'un des deux lâche. Qui aura le plus de nerfs ? Pour l'instant, on n'en sait rien. L'un et l'autre sont dans le jusqu'au-boutisme. Pour Manuel Valls, c'est même son avenir à Matignon qu'il joue. Restera, restera pas ? Lui le moderne, le réformiste, n'imagine pas une seconde faire un pas en arrière. Il a tout misé sur cette loi El Khomri. Il a déjà dû faire des concessions. Il veut prouver que l'on peut modifier (un peu) le Code du travail dans ce pays, même s'il doit faire face à une fronde dans sa majorité, faire face à des manifestations et même s'il est en chute libre dans les sondages.
Dans cette affaire, Manuel Valls veut rester droit dans ses bottes. À moins que François Hollande en décide autrement. Il est connu que le Président a moins de nerfs que le Premier ministre. Ce que cherche la CGT, c'est faire peur à Hollande. Peur sur l'Euro de football, des train bloqués, pas d'avion, pas de métro, des défilés dans les rues, des touristes paniqués, des lycéens empêchés de passer le baccalauréat : vous imaginez le chaos. Pour la candidature de Paris aux Jeux Olympiques, on repassera. Quant à l'attractivité de la France, déjà que les investissements étrangers sont en recul, ça ne devrait pas s'arranger.
La CGT joue François Hollande contre Manuel Valls. Elle joue le même scénario que pour le Contrat première embauche (CPE). Souvenez-vous : Dominique de Villepin ne voulait pas lâcher, et Jacques Chirac a lâché. Un vieil ami du Président l'a confié dans la presse : "Tout ça va finir comme le CPE". On ne sait pas encore tout cela va finir. Mais on sait que la CGT joue sa survie, Valls joue son autorité, et Hollande joue son quinquennat.
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