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Simone Veil, le 1er janvier 1974 à Paris
Crédit : CREDIT AFP
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Malgré les attaques, les menaces, les insultes, elle a tenu bon. Simone Veil, décédée ce vendredi 30 juin à Paris a réussi à mener son combat pour la légalisation de l'avortement envers et contre tout. Entre sa nomination au ministère de la Santé et la promulgation de la loi qui porte son nom, Simone Veil a notamment dû subir toutes sortes d'injures, parfois teintées d'antisémitisme.
Dans l'hémicycle d'abord, au moments des débats plus qu'animés qui ont suivi le discours de la ministre de la Santé de l'époque. C'était le 26 novembre 1974. Parmi les 490 députés masculins, pour seulement 9 femmes, certains se sont montrés particulièrement virulents à l'encontre de Simone Veil, rescapée du camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz-Birkenau.
Le seul fait d'oser faire référence à l'extermination des juifs était scandaleux
Simone Veil
Le député de droite Hector Rolland lui reprochait par exemple d'avoir fait "le choix d'un génocide", tandis que le centriste Jean-Marie Daillet évoquait des embryons "jetés au four crématoire". "Je crois qu'il ne connaissait pas mon histoire mais le seul fait d'oser faire référence à l'extermination des juifs à propos de l'IVG était scandaleux", disait Simone Veil. Quant à l'ancien maire de Nice, Jacques Médecin, il préfèrait parler à l'époque de "barbarie organisée et couverte par la loi comme elle le fut par les nazis". Invitée du journal télévisé de France 2 en 1995, Simone Veil estimait alors que "cette violence allait au-delà de l'enjeu de la loi. Ça devenait très personnalisé et d'un extrémisme..."
"Je savais que les attaques seraient vives, car le sujet heurtait des convictions philosophiques et religieuses sincères. Mais je n'imaginais pas la haine que j'allais susciter", confiait Simone Veil dans un entretien avec la journaliste Annick Cojean publié en 2004, dans le livre Les hommes aussi s'en souviennent.
Et cette haine, l'ancienne ministre de la Santé y était confrontée même en dehors des bancs de l'Assemblée. Elle raconte ainsi dans sa biographie intitulée Une vie, avoir été insultée en pleine rue, et avoir vu plusieurs fois des croix gammées dessinées sur les murs de son immeuble.
Tout cela me dopait au contraire, confortait mon envie de gagner
Simone Veil
Pour les 40 ans de la loi Veil, en 2014, ses fils étaient revenus sur le climat qui pesait autour de leur mère à l'époque. "Il y avait l’agitation de la rue, de la part de certains mouvements menés par des médecins, mais on n’avait pas encore mesuré la violence qui s’est déchaînée après, à l’Assemblée", avaient confié Pierre-François et Jean Veil au micro d'Europe 1. Ce dernier avait d'ailleurs partagé un épisode marquant : "Je me souviens qu'un parlementaire était venu avec des fœtus dans un bocal avec du formol".
Toutes ces attaques auraient pu en décourager certains, mais pas Simone Veil. L'ancienne ministre n'a jamais pensé à abandonner le combat, comme elle l'avait expliqué à Annick Cojean. "Il n'était pas question de perdre confiance et de se laisser aller. Tout cela me dopait au contraire, confortait mon envie de gagner. Et je pense que, en définitive, ces excès m'ont servie. Car certains indécis ou opposants modérés ont été horrifiés par l'outrance de plusieurs interventions, odieuses, déplacées, donc totalement contre-productives".
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