Emmanuel Macron a décidé de provoquer pour lancer sa campagne présidentielle. Et avant de s’en offusquer, essayons de comprendre pourquoi. Dans une élection, il faut surprendre pour retenir l’attention de l’électeur et cliver pour le convaincre. C’est exactement ce qu’à fait Emmanuel Macron.
Pour être percutant, le chef de l’État dit à voix haute et de manière très familière ce qu’une grande partie des gens pensent… "Les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder et donc on va continuer de le faire… C'est-à-dire : la petite minorité de réfractaires aux vaccins, on va la réduire en l’emmerdant encore davantage. Voilà comment parle le président dans une interview au Parisien. Et il ajoute même une autre provocation : "un irresponsable (un non-vacciné donc) n’est plus un citoyen…" Cela peut choquer. C’est une façon de surprendre et la certitude d’un certain écho médiatique.
Si ça fait causer et réagir, vu de l’Élysée, c’est déjà réussi. C’est peu ou prou le même ressort de communication que celui du "pognon de dingue". En 2018, à l’époque des petites phrases malheureuses, Emmanuel Macron avait expliqué qu’on mettait "un pognon de dingue dans les minimas sociaux… et les gens ne s’en sortent pas". Mais pourquoi le retour d’un ton si familier ?
Ce franc-parler en ce début d’année présidentielle participe de la mue du président en candidat. Il y abandonne au passage sa politesse. Ce n’est plus le chef de l’État qui vous parle, c’est celui qui parle de vous et comme vous… Vieille technique de communication politique. Et il n’y a pas besoin de sondage pour vérifier qui ça touche : 90% de vaccinés, c’est 90% des gens qui veulent que les autres se fassent vacciner. L’idée est simple, basique, mais les idées simples c’est encore ce qui passe le mieux. Emmanuel Macron pousse là son avantage, bien connu, de gestionnaire de la crise sanitaire.
Face à lui, il n’y a pas vraiment de candidats anti-vaccins mais des nuances, des réserves ou des ambiguïtés sur le passe sanitaire. Avec un message ultra clair : Emmanuel Macron tente de les mettre tous dans un même sac et il appelle l’électeur à choisir son camp. Il crée son propre clivage, un clivage en partie artificiel.
Quelles sont les limites de cette opération ? Que la ficelle soit un peu grosse ou trop grossière. Le clivage risque de se faire sur la forme et pas sur le fond. Appréciez-vous la grossièreté et un président qui divise 4 jours après ses vœux rassembleurs ? Au-delà du style, avec cette interview, Emmanuel Macron enlève son habit de président et descend dans l’arène. Il rejoint les populistes et adopte leur style...
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