Le gouvernement est-il à la hauteur de la crise inédite que nous traversons ? "En matière de prévention, nous ne sommes pas à la hauteur de l'épidémie". Cette phrase tombe comme une sentence pour l'exécutif. William Dab, directeur général de la santé de 2003 à 2005, en est à l'origine.
Dans Le Monde, ce professeur émérite au Conservatoire national des arts et métiers qui avait démissionné après des désaccords avec Philippe Douste-Blazy, ministre de la Santé de l'époque, se dit "frappé" par le fait "qu’après quatre semaines de confinement, la courbe épidémique n’est que ralentie".
Trois facteurs expliquent cela, d'après lui. "D’abord, le confinement n’est qu’imparfaitement respecté. En particulier, ceux qui continuent de travailler et qui prennent les transports en commun peuvent se contaminer, alors que le port du masque n’est pas généralisé. Ensuite, on peut se demander s’il n’y a pas une transmission aérienne du virus et pas seulement par les gouttelettes (...) Enfin, et cela me semble très grave, on laisse retourner chez elles des personnes contagieuses à la sortie de l’hôpital ou du cabinet du médecin parce qu’elles n’ont pas besoin de soins".
Nous entrons dans une période où le confinement aura plus d’inconvénients que de bénéfices
William Dab, ancien directeur général de la santé dans "Le Monde"
L'ancien directeur général de la santé juge très sévèrement l'action du gouvernement. "Dans les mesures adoptées, il y a un mélange d’excellence et de médiocrité. L’excellence, ce sont les soins. Des centaines de vie ont été sauvées par l’héroïsme des soignants et des aidants, ainsi que par un effort sans précédent qui a permis de doubler nos capacités de réanimation et de désengorger les hôpitaux saturés, explique-t-il. C’est vraiment remarquable. En revanche, en matière de prévention, nous ne sommes pas à la hauteur de l’épidémie", tacle William Dab.
D'après lui, "l'adhésion du public (au confinement généralisé, ndlr) est une condition pour casser l'épidémie (...) Nous entrons dans une période où le confinement aura plus d’inconvénients (économiques, psychologiques, familiaux, médicaux) que de bénéfices", ajoute-t-il en prenant l'exemple d'un couple confiné avec ses deux enfants dans un appartement de 50 mètres carrés. "Réalise-t-on bien ce que cela représente pour une famille avec disons deux enfants qui vit dans 50 m², avec les deux parents en télétravail et les enfants qui doivent faire l’école à la maison ?", demande-t-il.
Le Président a déclaré la guerre, mais les services continuent de fonctionner comme en temps de paix
William Dab, ancien directeur général de la santé dans "Le Monde"
Au delà des critiques adressées au gouvernement, William Dab réserve aussi un jugement très sévère à Emmanuel Macron. "Quand Clémenceau visitait le front au péril de sa vie, ce n’était pas seulement pour soutenir le moral des troupes. C’était aussi pour vérifier que l’intendance suivait, estime-t-il. Le président de la République a déclaré la guerre, mais les services continuent de fonctionner comme en temps de paix".
Se décrivant lui-même comme étant pessimiste face à cette situation, William Dab ne cache pas son ressenti : "Tous les soirs à 20 heures, nous applaudissons nos soignants. Je me demande si nous ne devrions pas siffler tous les midis les carences de la prévention de terrain jusqu’à ce qu’elle devienne efficace". La crise du coronavirus illustre, d'après lui, jusqu’à la caricature la faiblesse de la santé publique française. On mise tout sur les soins sans réaliser que la prévention est un investissement très rentable".
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