Le coup d'envoi de la réforme du Code du travail a été donné. Robert Badinter a remis, lundi 25 janvier, son rapport annuel à Manuel Valls. Objectif : déverrouiller le temps de travail sans toucher à la durée légale des 35 heures. Les idées ne manquent pas. Il y a déjà eu six rapports sur le Code du travail en six mois. Il y a eu, tout d'abord au mois de juin, le rapport du professeur Lyon-Caen avec déjà Robert Badinter. Puis en septembre, il y a deux rapports issus de deux cercles de réflexions, Terra Nova (proche du PS) et l'institut Montaigne d('inspiration libérale). Mi-septembre, il y a eu le rapport Combrexelle.
Mais comme il allait un peu loin dans les accords d'entreprises, un autre rapport a été commandé pour le mois janvier au Conseil économique et social pour "approfondir les préconisations du rapport Combrexelle". Et finalement nous en sommes revenus à Robert Badinter. Robert Badinter, l'homme qui a aboli la peine de mort. Robert Badinter, une figure de la gauche qu'on ne bouscule pas comme on bouscule Emmanuel Macron.
La première chose que dit Robert Badinter en rendant son rapport, c'est "on ne touche pas aux 35 heures". La dernière fois qu'Emmanuel Macron en a parlé, c'était pour dire qu'avec la réforme du Code du travail, c'était "bye-bye les 35 heures". Voilà un jeune ministre prêt à abattre un totem de gauche et un ancien ministre prudent comme un sioux, à qui on a sans doute suggéré de ne pas jeter un bidon d'essence sur un sujet hautement inflammable à gauche.
Valls va aussi loin que peut aller un premier ministre de gauche sous la présidence Hollande
Alba Ventura
Au milieu de tout ça, vous avez un Manuel Valls qui lance sur son compte Twitter : "Avec Robert Badinter nous déverrouillons le temps de travail pour des entreprises plus souples et plus d'emplois".
"Déverrouiller", c'est fort comme mot . On sent bien cette volonté, cette intention de contourner le plus possible ces 35 heures. Mais on voit bien aussi le numéro d'équilibriste du Premier ministre, empêtré dans ces acquis sociaux qui sont autant de verrous économiques, pris en tenaille entre sa majorité, les syndicats et son envie de mettre un coup de pied dans la fourmilière. "J'voudrais bien, mais j'peux point".
On le sait, il n'est pas facile de briser un tabou. Même la droite n'a pas réussi. Vous avez vu ce que dit aujourd'hui Nicolas Sarkozy ? Il regrette de "ne pas être allé au bout" des 35 heures. Quant à Alain Juppé, il répète depuis des mois que les 35 heures sont un boulet et qu'il faut les abroger. En réalité, Manuel Valls va aussi loin que peut aller un premier ministre de gauche sous la présidence Hollande. C'est-à-dire relativement loin par rapport au PS, mais pas assez loin au regard des enjeux.
Les proches de Nicolas Sarkozy sont nombreux à l'appeler à quitter la présidence du parti Les Républicains plus tôt que prévu. Initialement, les amis de l'ancien président de la République évoquaient un départ en septembre prochain, deux mois environ avant la primaire de la droite et du centre. Désormais, ils estiment qu'il vaut mieux qu'il se retire au printemps. D'abord "parce que le parti le tire vers le bas", et puis parce qu'il doit écrire une nouvelle histoire, recréer la surprise, apparaitre comme le "nouveau Sarko". Comme l'explique l'un de ses amis, le "nouveau Sarko" ce n'est pas plus bête que le "nouveau Chirac" de l'époque. On était passé de "Facho Chirac" au Chirac de la "fracture sociale". C'est sûr que la métamorphose fait rêver.
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