Charlotte Girard, figure de La France insoumise, quitte le mouvement

Elle a claqué la porte. Charlotte Girard, une des figures de La France insoumise, a annoncé ce samedi 8 juin son départ du mouvement, dont elle s'était déjà mise en retrait. Elle a fustigé sa "désorganisation", l'impossibilité d'y exprimer ses désaccords, et "l'écart" que La France insoumise n'a pas su combler avec "les gens". 

"Le chemin fléché par La France insoumise s'arrête. J'ai donné tout ce que je pouvais tant que je pensais que l'outil, le mouvement, était conforme au but, la révolution citoyenne. Mais je n'en ai plus la certitude et je n'ai pas la certitude non plus que les efforts qu'il faudrait fournir pour obtenir la refondation interne de l'outil seront au rendez-vous", a expliqué Charlotte Girard dans une lettre publiée sur Facebook. 

Désignée pour conduire la liste de La France insoumise aux élections européennes, Charlotte Girard avait renoncé en novembre à une place éligible, en raison de "contraintes personnelles" et "professionnelles". Plusieurs Insoumis avaient auparavant critiqué la place trop large donnée aux proches de Jean-Luc Mélenchon sur cette liste, qui a finalement obtenu le 26 mai un score très décevant de 6,3% des voix. 

Elle critique "l'inefficacité" et le "manque de démocratie" du mouvement

Ancienne porte-parole du mouvement de Jean-Luc Mélenchon pendant la présidentielle de 2017, Charlotte Girard exprime sa "défiance" à l'égard du mouvement, dont elle critique "l'inefficacité" et le "manque de démocratie". "La désorganisation que je ne suis pas seule à déplorer produit une telle perte d'énergie que c'en est désespérant. Or les voies pour y remédier demeurent opaques et difficiles à emprunter", poursuit l'ancienne cadre du mouvement.

Pour elle, il "n'y a pas de moyen de ne pas être d'accord" au sein de La France insoumise. L'ancienne coordinatrice du programme du mouvement fait partie des 42 cadres et militants de La France insoumise signataires d'une note interne, dévoilée ce jeudi 6 juin par Le Monde, qui dénonce le fonctionnement du mouvement où n'existe selon eux "aucune véritable instance de décision collective". 

Un mouvement "trop tourné vers l'exercice du seul contre-pouvoir parlementaire"

Charlotte Girard, auteur du programme originel de La France insoumise en 2016 avec l'économiste Jacques Généreux, dénonce enfin "l'écart que nous n'avons pas comblé entre le monde militant institutionnel et les gens". Constatant que "la jonction n'a pas eu lieu" avec le mouvement des "gilets jaunes", elle estime que le mouvement est "trop tourné vers l'exercice institutionnel du pouvoir, en l'occurrence l'exploitation du seul contre-pouvoir parlementaire". 

La député de Seine-Saint-Denis Clémentine Autainavait récemment elle aussi fait le bilan dans un entretien paru dans l'Obs et n'hésitait pas à parler de "défaite cinglante" aux Européennes. "Ce qui est en cause c’est la ligne politique de la FI", assurait-elle également.