"Il nous faut (...) franchir un nouveau cap, donner un signe fort à toutes les syndiquées, toutes les militantes en élisant pour la première fois une femme à la tête de notre organisation", a déclaré Philippe Martinez mardi 31 mai à la Commission exécutive confédérale de la CGT. Il ne se représentera pas lors du 53e Congrès de l'organisation, prévu du 27 au 31 mars 2023 à Clermont-Ferrand et a proposé aux membres présents que Marie Buisson le remplace.
La requête a été approuvée à la grande majorité des présents : 32 pour, 3 contre, 3 abstentions, 3 n'ayant pas pris part au vote. Ainsi, Marie Buisson, presque un an avant le vote officiel, est en très bonne posture pour succéder au charismatique secrétaire général de 61 ans.
La secrétaire générale de la Ferc-CGT (fédération de l'éducation, de la recherche et de la culture) née en 1968 pourrait devenir, en cas d'élection, la première femme à diriger la CGT.
Membre de la CGT depuis 2001, Marie Buisson a d'abord été professeure de lycée professionnel en lettres-histoire-géographie. Elle milite à la CGT Educ'action puis devient secrétaire académique de la CGT Educ'action Versailles.
Sa promotion à la "Ferc-CGT" est quant à elle plutôt récente. Elle en intègre le bureau en 2013 avant d'être élue secrétaire générale en 2017. Peu connue du grand public, Marie Buisson se démarque par ses idées progressistes en matière d'écologie et de féminisme. Depuis 2020, elle fait partie du collectif "Plus jamais ça !" créé durant la crise du coronavirus pour penser "un futur écologique, féministe et social".
De plus, Marie Buisson s'est engagée, publiquement, à plusieurs reprises contre les violences sexistes et sexuelles dans l'Éducation nationale via des publications de tribunes et pamphlets dans la presse.
Si le choix d'une femme comme secrétaire générale ne fait pas débat, le nom de la dauphine choisie par Philippe Martinez est une "surprise", alors qu'elle n'est guère connue au sein même de l'organisation, selon Romain Altmann (Info'com CGT). Le futur secrétaire général de la CGT sera sûrement très exposé dans les prochains mois avec le projet de réforme des retraites porté par le nouveau gouvernement d'Élisabeth Borne.
Mais Romain Altmann juge cette candidature "un brin précipitée", alors que "c'est d'abord l'orientation qui doit être abordée et débattue, avant de choisir la personne". De plus, plusieurs fédérations de la CGT sont opposées à l'appartenance du syndicat au collectif "Plus jamais ça" dont fait partie Marie Buisson. D'autres, plus ouvertes, critiquant le manque de débat interne sur le sujet.
Opposant virulent à Philippe Martinez, Emmanuel Lépine (patron de la puissante fédération de la chimie) a estimé que Mme Buisson, "désignée de manière dynastique", incarnait "une dérive de l'organisation vers des questions sociétales - égalité hommes/femmes, questions environnementales - (...) en lieu et place des questions sociales et économiques".