Alba Ventura : "Les leçons du retour de François Hollande à Florange"
REPLAY / ÉDITO - Comme il l'avait promis, François Holande s'est rendu lundi 24 novembre à Florange, haut lieu de la sidérurgie marqué par l'extinction de ses hauts fourneaux en 2013.
Pour la troisième fois en trois ans, François Hollande est revenu à Florange lundi 24 novembre pour tenir une promesse faite aux ouvriers d'ArcelorMittal après la fermeture des hauts fourneaux. Le chef de l'État a placé cette visite sous le signe du renouveau industriel en Lorraine. Ce qui ne l'a pas empêché de recevoir un accueil tiède.
On ne l'attend pas forcément les bras ouverts à Florange. Il ne faut pas attendre de miracle. La preuve : François Hollande a dû entrer par une petite porte latérale, au lieu de passer par l'entrée principale.
Florange, lieu de la "désillusion"
Florange, c'est un lourd passif. C'est le lieu de la "désillusion", comme le dit son ancienne ministre Aurélie Filipetti, originaire de la région. Si les habitants et même certains syndicats n'ont pas très bien réagi à sa venue, c'est parce que le Président revient là où il a essuyé deux échecs.
"Je sauverai les hauts fourneaux", avait-il lancé à l'époque. Il sont éteints ! "Je ferai une loi pour la reprise des sites rentables", avait-il aussi annoncé. La fameuse "loi Florange" a bien été votée. Mais pour l'instant, elle ne concerne qu'une seule entreprise en Haute-Vienne. Une loi pour une usine en deux ans !
Tout cela est quand même la marque de l'impuissance. Mais attention : pas seulement de l'impuissance de François Hollande, mais de l'impuissance des politiques en général.
Hollande le positif
Le chef de l'État n'a pourtant pas l'air de penser que c'est un échec. Comme toujours, François Hollande positive. "S'il ne doit rester qu'un optimiste, je serai celui-là !", a-t-il l'habitude de dire. Il n'a pas tort. Des choses ont été faites. Le plan de reclassement a été plutôt réussi. Mittal a même embauché trente personnes en CDI la semaine dernière. Il y a aussi ce grand projet de laboratoire de métallurgie.
Mais il y a une tel poids symbolique négatif sur ce site, qu'il faudra des années pour que l'on parle d'un renouveau industriel à Florange et pour que l'on considère que c'est un véritable succès ?
Le redressement productif cher à Arnaud Montebourg, c'est une histoire au long cours
Alba Ventura
La Lorraine, c'est 7.200 emplois perdus en 2013, dont 4.000 dans l'industrie. On a vu comment cela s'est traduit aux dernières municipales : la gauche a perdu Florange, et Hayange a voté FN.
Comment voulez vous avoir une parole audible dans un pays où 120.000 emplois industriels ont disparu en trois ans ? Notre industrie se résume à une démolition extrêmement rapide et une reconstruction très lente.
Même si la croissance revient, même si les investissements se réalisent, il faudra du temps avant de connaître un vrai regain industriel. Le redressement productif cher à Arnaud Montebourg, c'est une histoire au long cours. Évidemment, il faut espérer que ce soit le début d'un démarrage industriel, d'une nouvelle histoire "Florange". Mais la marque de l'échec est encore forte aujourd'hui.
Hollande l'obstiné
Comment expliquer ce pèlerinage annuel de François Hollande ? D'abord, parce qu'il l'a promis. On ne va pas lui reprocher de tenir une promesse. Il y a intérêt, parce que c'est quand même à la gauche qu'il s'adresse. C'est la classe ouvrière qu'il a en face de lui.
C'est aussi une façon de marquer sa différence avec Nicolas Sarkozy. "Moi Président, je retournerai à Florange encore et encore jusqu'à ce que succès s'en suive", a-t-il déclaré. Nicolas Sarkozy, lui aussi, avait promis de revenir à Gandrange. Il l'a fait, une seule fois avec Carla, deux jours après leur mariage. Pour lui Gandrange, c'était râté. Il fallait passer à autre chose.
François Hollande, lui, veut faire la démonstration de son obstination. "Je m'accroche", comme il disait sur TF1 et RTL lors de son émission de mi-mandat, début novembre. Il aimerait que l'on retienne qu'il ne lâche rien, qu'il sera toujours là. C'est cela le sillon qu'il essaie de creuser. En espérant que les faits finiront un jour par lui donner raison.
