"Six mois pour réformer" : c'est le pari du nouveau ministre de l'Économie, Emmanuel Macron. Il l'a dit ce week-end dans une interview au Journal du Dimanche. Il y a urgence. le message que l'on entend, c'est un "SOS, pays en détresse".
Ce que dit exactement Emmanuel Macron, c'est : "Nous avons six mois pour créer une nouvelle donne". Six mois, cela ne vous rappelle rien ? C'est quasiment mot pour mot ce qu'avait dit Manuel Valls au journal Le Monde, avant de démentir : "Si d'ici trois à six mois la situation ne s'est pas inversée, ce sera foutu". Foutu ? Autant dire : les réformes, non seulement c'est maintenant, mais c'est maintenant ou jamais.
Les réformes, non seulement c'est maintenant, mais c'est maintenant ou jamais
Alba Ventura
Il faudra, par exemple, s'attaquer à l'assurance-chômage", dit Emmanuel Macron. Il y va fort quand même. C'est exactement ce qu'a laissé entendre Manuel Valls la semaine dernière, avant de se faire rappeler à l'ordre par François Hollande. Il pousse le bouchon, le nouveau ministre de l'Économie !
En fait, Macron et Valls nous font le coup des 100 jours. Quand un Président est élu, on dit qu'il a 100 jours pour mettre en oeuvre les réformes difficiles, parce qu'après ça ne passe plus. Le ministre et le Premier Ministre rêvent des 100 jours, mais avec deux ans et demi de retard. Reconnaissez que ça ne manque pas d'audace !
Une majorité pour le faire ? Il n'y a même pas un patron du PS pour soutenir cela. Jean-Christophe Cambadelis, le patron des socialistes, a trouvé Emmanuel Macron "maladroit". Il lui demande de se taire, parce lorsque le Président a parlé, les ministres n'ont pas à revenir dessus. Vous voyez un peu comme le PS est partant...
C'est l'histoire des deux lignes. Au Parti socialiste, il y a ceux qui déterrent et ceux qui enterrent. Il y a deux calendriers, deux chronos. D'abord, le chrono de l'économie, incarné par Valls et Macron. Pour eux, c'est même le compte à rebours économique, qui a aussi pour but de rassurer Bruxelles. Ensuite, il y a le chrono du PS. C'est le chrono électoral, qui justifie qu'on ne touche à rien de sensible et encore moins de douloureux.
Au PS, le chrono électoral justifie qu'on ne touche à rien de sensible
Alba Ventura
Il faut dire que pour Cambadélis, les temps sont durs. Après la gifle aux municipales et aux européennes, le PS vient de perdre le Sénat. Il y a des cantonales et des régionales l'année prochaine. Ce n'est pas le moment de fâcher les derniers électeurs qui restent avec des mesures comme l'assurance-chômage. Même si elle relèvent du réalisme économique.
François Hollande, c'est l'homme qui promet le choc de simplification et qui n'a rien fait deux ans plus tard. C'est l'homme du choc de compétitivité. Mais un an plus tard, on attend toujours la mise en oeuvre du fameux pacte de responsabilité.
Le Président peut-il encore réformer ? Pas facile ! Ses marges de manœuvres sont minuscules. Il a si peu d'espace dans sa majorité, il est si peu audible dans l'opinion...
Le problème, c'est que s'il a nommé Manuel Valls, puis Emmanuel Macron - les plus réformistes à gauche -, pour les empêcher de faire les réformes, non seulement ce sera un coup pour rien, mais - plus grave -, c'est son mandat qui est en jeu. Il court le risque d'être un Président pour rien.
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