"Chasse à l'homme", "vendetta", "lynchage". Jean-François Copé s'en est pris très vertement lundi 3 mars au Point lors d'une déclaration solennelle. C'est rare de voir un homme politique s'en prendre aussi durement à un média.
Le patron de l'UMP parle de méthodes dignes de l'inquisition, très frontal. C'est presque une déclaration de guerre. Justifiée, selon ses amis, par le fait que Jean-Francois Copé en a marre, qu'il en a assez d'être mal aimé, attaqué par les médias.
Les politiques ont toujours râlé contre les journalistes et les médias. Un homme politique, c'est un peu parano : ça n'imagine jamais qu'un journaliste fasse seulement son travail. Quand sort une affaire, il imagine toujours que c'est téléguidé. Nicolas Sarkozy, par exemple, affirmait haut et fort qu'il ne lisait plus la presse. Pendant les primaires socialistes, Martine Aubry répétait que François Hollande était le "candidat des médias".
Avant eux, Jacques Chirac ou Roland Dumas se sont beaucoup plaints des campagnes menées contre eux par tel ou tel journal du soir. Mais ils le disaient en petit comité, dans les couloirs. Il s'en plaignaient auprès des intéressés. Ils organisaient la contre-attaque (on a vu des contrôles fiscaux lancés pour moins que ça...), mais jamais aussi ouvertement, en public et avec ces mots.
Jean-François Copé en fait trop. Trop fort, trop général ("les médias ligués contre lui"), et trop téléphoné. Le coup de la victimisation, on connaît : c'est un classique de la com'. Alors on peut comprendre qu'il ait été bousculé par les accusations du Point. L'hebdomadaire l'accuse quand même d'avoir en partie ruiné l'UMP en confiant des marchés à l'un de ses amis. Si c'est vrai, c'est du favoritisme. Si c'est faux, c'est de la diffamation.
Mais tout cela se règle en justice (ce qu'il va faire ce mardi). Il n'y avait pas besoin de cette mise en scène. D'accord, Copé en a ras-le-bol de cette image d'homme d'argent qui lui colle à la peau : ses relations avec l'homme d'affaires Takieddine, ces reproches quand il est devenu avocat d'affaires. Comme Sarkozy avant lui, le président de l'UMP dit volontiers que s'il avait voulu faire de l'argent, il n'aurait pas fait de la politique. Très bien !
Mais lundi, c'était un show organisé, surjoué. Une pièce qu'on a déjà entendue d'ailleurs, mais dans la bouche d'un autre. "Je suis ici par la volonté d'un homme, je suis ici par l'acharnement d'un homme", disait Dominique de Villepin en septembre 2009, à propos de Nicolas Sarkozy dans l'affaire Clearstream. C'est "mon Clearstream à moi", dit Jean-François Copé. Et c'est là où il se trompe. Cela n'a rien à voir. Cela n'est qu'une affaire de presse, pas une affaire d’État.
En cherchant à se victimiser, Copé veut prendre le parti à témoin et remotiver les troupes. Mais tout cela, c'est à côté de la plaque. D'abord parce qu'il brandit aujourd'hui le mot "transparence", alors que l'UMP a refusé de voter la loi sur la transparence de la vie politique. Découvrir tout d'un coup les vertus du strip-tease financier, ça a quelque chose de surjoué.
Ensuite parce que le problème de Jean-François Copé, encore une fois, ce n'est pas la presse. Qu'il soit mal aimé des journalistes, sans doute. Mais il est surtout mal aimé à l'UMP. Le problème de Copé, ce sont ses amis. Un an après son élection mouvementée à la tête du parti, sa légitimité reste contestée. Il n'a pas assis son leadership. D'ailleurs, il n'a prévenu personne lundi avant de partir au front. Alors, il espère sans doute resserrer les rangs sur le dos des médias. Pas sûr que ça l'aide beaucoup à se faire de nouveaux amis.
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