Les experts des cartes électorales s'accordent à dire que la droite pourrait reprendre une centaine de villes à la gauche à l'issue du deuxième tour des élections municipales. Ce n'est pas une petite affaire. Pourtant, on ne sent pas de triomphalisme dans les rangs de l'opposition.
C'est vrai que l'on ne saute pas au plafond. Il y a des raisons à cela. D'abord, l'inconnue du Front national. Dimanche 30 mars, il y aura plus de 200 triangulaires. Certaines peuvent faire chuter l'UMP ou jouer en faveur de la gauche. On sait que cela risque de gâcher un peu la fête, et cela explique la prudence. Ensuite, il y a le contexte. Le chômage, notamment : on ne va pas parader quand plus de trois millions de Français sont sans emploi.
Il ne faut pas oublier que la droite plaide le vote sanction. Si c'est un vote contre, ce n'est pas un vote pour. On ne peut pas jouer sur tous les tableaux. Pour l'instant, l'UMP a choisi son camp. Elle utilise le scrutin pour pilonner le gouvernement.
Pour l'heure, la droite est sage comme une image. Mais vous allez voir dimanche soir. Attendez de voir les communiqués de victoire. Ils sont tous dans les starting-blocks. Chacun veut son bout du gâteau. Jean-François Copé, qui pense que "seule l'UMP peut sauver La France" (autrement dit, lui), parie déjà qu'on ne le regardera plus jamais comme avant.
Il y aussi Nicolas Sarkozy qui, en son for intérieur, est persuadé que c'est sa "lettre aux Français" contre les juges et le gouvernement, qui a permis de mobiliser toute la droite. Alain Juppé aussi : vainqueur au premier tour à Bordeaux, il ne manquera pas de renouer avec la politique nationale.
Et revoilà même François Fillon, qui a beaucoup fait campagne mais très discrètement, et qui désormais vole au secours de la victoire. Il n'oublie pas de mettre un petit tacle à tout le monde : "Il ne faudra pas tirer d'un bon résultat la conclusion que les Français plébiscitent dès à présent le projet de l'UMP" (dans Le Figaro daté du 27 mars). Sous entendu : "Prends garde à toi, Copé ! ce n'est pas fini : les affaires de surfacturation, les mauvais coups, on va les remettre sur la table". La victoire n’étouffe pas les démons.
N'en déplaise à François Fillon et aux autres, cette victoire sert d'abord Jean-François Copé. C'est lui le patron de l'UMP ; c'est lui qui a organisé l'élection, qui a mis les mains dans le cambouis ; c'est lui qui a fait respecter - et ce n'était pas simple - le fameux ni-ni, pas d'alliance notamment avec le FN. Il a fait le boulot, comme on dit.
Cela dit, ne nous emballons pas. Cela ne fait pas encore de lui un leader. Souvenez-vous que François Hollande, premier secrétaire du PS, a cumulé les victoires de ce genre. À la fin, il a été congédié et on l'appelait "Monsieur 3%". Pour l'instant, Copé c'est "Monsieur 1%". Cela doit être une leçon pour la droite. On peut remporter toutes les élections intermédiaires et se casser les dents sur la présidentielle. Or à droite, la présidentielle, on ne pense qu'à ça.
De plus, l'UMP a un autre sujet : l'épine que représente le Front national pour lui. À l'UMP, on a fait les calculs. Le FN pourrait gagner neuf, dix, douze, voire quinze villes dimanche. C'est le plus grand danger pour les trois ans qui viennent. Parce que le FN pioche d'abord dans l'électorat de droite.
C'est pour cela que si la droite décroche une belle victoire dimanche, elle n'a aucune raison de céder à l'euphorie.
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