La "Manif pour Tous" a réussi son pari : mobiliser le week-end dernier pour défendre la famille, après avoir ferraillé contre le mariage homosexuel. Dès lundi 3 février, elle a vu une "victoire" dans le report de la loi Famille, qui ne verra pas le jour en 2014.
Outre une réelle volonté d'apaiser les esprits après les manifestations organisées à Paris et à Lyon contre la "familiphobie" prêtée au gouvernement, il faut d'abord y avoir un enterrement de première classe. Il fallait arrêter de pourrir l'ambiance.
François Hollande estime qu'il a réussi à diviser la droite sur le "Pacte de responsabilité". Il n'avait pas envie qu'elle refasse son unité sur la famille. Le chef de l'État veut se concentrer sur les questions économiques (l'emploi,la lutte contre le chômage), pas sur les questions de société qui le plombent. Face au succès de la "Manif pour Tous", le président a donc décidé de mettre un coup d'arrêt à toutes ces questions de PMA et de GPA qui restent en l'air, qui viennent parasiter sa politique, et qui au fond ne l'intéressent pas.
En fait, cela fait un an que François Hollande tourne autour du pot. Deux fois qu'il reporte ce projet de loi Famille. Deux fois qu'il botte en touche sur la PMA. Un an qu'il laisse sa majorité jouer avec l'idée de la PMA (notamment les Verts). Il rappelle à chaque fois que ce n'est ni dans ses 60 engagements, ni dans le discours d'investiture du Premier ministre. Bref, un an d’ambiguïté.
Quand Manuel Valls promet sur RTL que le gouvernement refusera tout amendement sur la procréation médicale assistée, la décision est-elle déjà prise ? Là, c'est le flou. Comme d'habitude, certains disent que le report était déjà arbitré, quelques jours avant la "Manif pour Tous", histoire de leur couper l'herbe sous le pied. À ce moment-là, pourquoi ne pas l'annoncer ?
C'était sans compter sur la célérité de Manuel Valls, toujours prêt à dégainer, qui déclare que le gouvernement "s'opposera à tout amendement PMA". C'était sans compter non plus sur la réponse immédiate du patron des députés socialistes, Bruno Leroux, qui, agacé, déclare sur LCI : "Il ne faut jamais dire 'jamais'". Bref, une vulgaire bagarre médiatique entre socialistes.
Pour éviter d'avoir à trancher, François Hollande a coupé la tête qui dépassait : c'est celle de la ministre de la Famille Dominique Bertinotti, qui doit être très heureuse de voir son travail d'une année partir dans un tiroir !
C'est une forme de principe de précaution. Pour éviter de se retrouver avecun amendement inattendu, parce qu'on ne sait pas bien si la majorité n'est pas capable de le voter, on retire le texte. Un texte qui, rappelons-le, ne contenait rien de ce qui était contesté dans la rue. Pas de GPA, pas de PMA ! C'était une loi pour simplifier la vie des beaux-parents dans les familles recomposées et faciliter l'accès aux origines.
Pour la majorité, c'est une catastrophe. Le Président donne raison à la droite conservatrice contre une gauche qui se veut progressiste. C'est dur à avaler. Les Verts ne se sont pas privés de le dire, d'ailleurs. "Consternant", "pantalonnade", "trahison" : voilà ce que l'on a entendu lundi. Et pour cause chez Les Verts : on le préparait cet amendement.
Le socialiste Bruno Le Roux a quand même perdu la face. Même s'il tente d'expliquer que ce report va au moins permettre de faire avancer la cause. Parce que la cause, elle est bloquée, et sèchement.
François Hollande a donc joué son joker dans cette affaire. Il y a fort à parier que ça n'arrangera pas les relations entre le président et sa majorité.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte