Manif pour tous du 2 février : de 80.000 à 500.000 manifestants à Paris
Les organisateurs de la "Manif pour tous" de ce dimanche 2 février à Paris ont assuré avoir réuni plus de 500.000 personnes pour défendre leur vision de la famille. La police parle de 80.000 manifestants.

Les organisateurs de la Manif pour Tous affirment dans un communiqué avoir rassemblé plus de 500.000 personnes à Paris contre la "familiphobie" prétendue du gouvernement, alors que la foule parisienne n'était pas encore dispersée. "Nous étions plus d'un demi million à Paris", s'est réjouie l'association, évoquant une "vague rose et bleue". De son côté, la police n'a dénombré que 80.000 personnes.
Dans la capitale, de
nombreuses familles se mêlent à des jeunes filles en Marianne, bonnet
phrygien sur la tête, des petits garçons en Gavroche, une poignée d'élus
et à quelques prêtres comme Philippe Blin, curé à Sèvres
(Hauts-de-Seine), qui "sent un acharnement contre les familles". Beaucoup
arborent les noms de leurs départements ou villes d'origine, reprenant
les slogans "Hollande ta loi, on n'en veut pas !" ou "Peillon démission
!" au milieu de quelques drapeaux tricolores.
Mobilisation considérable selon la Manif pour Tous
"C'est une mobilisation considérable", se réjouit Ludovine de la Rochère, présidente de LMPT, appelant le gouvernement à répondre aux "questions soulevées par les manifestants". Le mouvement s'inscrit, selon elle, dans une "continuité", plus d'un an après les manifestations contre le mariage homosexuel. Quelques plaisantins anti-LMPT se sont faufilés dans son dos, alors qu'elle donne une interview télévisée, plaçant dans le champ de la caméra des pancartes : "Sous les pavés : la bible" ou "Protégeons nos enfants des sorcières : brûlons les rousses".
Venue de Saumur avec six
membres de sa famille, Françoise, qui ne veut donner que son prénom, "a
fait trois manifs l'année dernière et on reviendra tant qu'il faudra".
Pour Said Ahmet, père de famille algérien venu avec son copain Abdel de
Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis), c'est au contraire "la première
manif de (leur) vie". La polémique de la semaine sur une supposée
"théorie du genre" enseignée à l'école les a décidés à descendre dans la
rue.
Contre l'enseignement de l'égalité filles-garçons
L'une des revendications de la Manif pour tous est le retrait de L'ABCD de l'égalité, une expérimentation mise en place à l'école pour lutter contre les stéréotypes entre filles et garçons. Elle dénonce aussi l'ouverture redoutée de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes et la gestation pour autrui (GPA), ainsi que le futur projet de loi sur la famille, qui ne prévoit pourtant ni PMA ni GPA. Sur la place Denfert-Rochereau, les organisateurs font huer la théorie du genre, l'ABCD de l'égalité, les ministres Vincent Peillon (Éducation) et Najat Vallaud-Belkacem (Droits des femmes).
Dimanche dernier, lors de la mobilisation anti-gouvernement "Jour de Colère", des militants d'extrême droite avaient crié des slogans antisémites. Dix-neuf policiers avaient été blessés et 226 personnes placées en gardes à vue. Pour cette manifestation, Manuel Valls a prévenu qu'il ne tolèrerait "aucun débordement".
12 militants du GUD interpellés
En début d'après-midi, douze militants du mouvement étudiant d'extrême droite GUD (Groupe Union Défense) ont été brièvement interpellés en raison de "craintes qu'ils viennent troubler" la manifestation, selon la préfecture de police de Paris. Environ 2.000 membres des forces de l'ordre assurent la sécurité du cortège et un hélicoptère de la police le survole. Cinq stations de métro étaient fermées en milieu d'après-midi.
La Manif pour tous insiste sur l'état d'esprit "paisible et déterminé" de ses militants. Elle dit avoir mobilisé un millier de bénévoles pour l'accueil et un service de sécurité de plusieurs centaines de personnes.
La justice a annulé la présence d'huissiers, obtenue par la Manif pour Tous qui craignait "des
interpellations en nombre (...) à l'aveugle contre d'honnêtes citoyens",
mais l'association dit en avoir embauché deux pour "constater le bonne
tenue" de la manifestation. D'autres rassemblements se tiennent parallèlement dans plusieurs villes européennes, dont Madrid et Varsovie.