49.3 : "Valls est toujours enfermé dans son tête-à-tête avec les frondeurs"

Décidément, on n'est pas au bout de nos peines avec Manuel Valls. Après avoir lancé le thème du rassemblement, l'ancien premier ministre propose d'abolir le 49.3. Une procédure qu'il a quand même utilisé six fois durant son mandat : trois fois pour la loi Macron et trois fois pour la loi El-Khomri. Il n'est pas celui, à gauche, qui a le plus fait usage de l'article 49 alinéa 3. Mais il n'a pas hésité deux secondes à passer en force quand il s'est agi d'envoyer au diable les "guérillas parlementaires" et autres blocages.

Aujourd'hui, Manuel Valls vient nous expliquer que le 49.3 c'est dépassé et vécu comme tellement "brutal" ! Oui, mais ce que Manuel Valls a fait parle plus fort que ce qu'il dit. Manuel Valls a fait un rêve. Il a rêvé qu'il n'avait pas quitté Matignon et qu'il ne s'était pas disputé avec sa majorité. Il a rêvé qu'il n'avait jamais utilisé le 49.3. Il a rêvé qu'il remontait le temps. Et nous, on croit rêver. On ne peut pas faire plus incohérent.
Sans compter qu'il y a des sujets plus importants que le 49.3. Manuel Valls nous parle de gouvernance. Mais ce que les Français et les électeurs de gauche veulent entendre, c'est quelles sont ses pistes sur le chômage, sur la fiscalité, qu'il dise ses priorités sur la sécurité, sur l'économie, sur l'Europe et sur les affaires internationales.

Sauf que répondre à cela, c'est se heurter à un bilan. Ou à des contradictions, comme lorsqu'il se prononce pour le retour des heures sup' défiscalisées (un dispositif mis en place par Nicolas Sarkozy) que Manuel Valls avait critiqué en 2011.

L'ardoise magique, c'est pour les enfants : ça ne marche plus en politique

Alba Ventura

Au lieu de parler aux Français et aux électeurs de gauche, Manuel Valls préfère parler à sa majorité. Il est toujours enfermé dans son tête-à-tête avec les "frondeurs". Cela fait deux ans et demi qu'il dialogue frontalement avec eux. Et il continue. Alors, cette fois, pas sur le même ton. Il essaie de les amadouer en battant sa coulpe. "J'ai appris de mes erreurs", dit-il.

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Avec son numéro sur le 49.3, c'est exclusivement aux plus récalcitrants de son camp qu'il s'adresse. Il est en train de confondre une compétition où il faut s'adresser à un large éventail d'électeurs, avec une bagarre de factions socialistes.

Certes il est normal qu'il cherche à les convaincre, et même à les séduire. Mais pas au point de se travestir, pas au point de lisser tout ce qui fait sa personnalité. Mais il est où le Manuel Valls d'avant, qui avait de l'autorité, qui voulait en imposer à son camp ? Où est le Manuel Valls des coups de menton, décisionnaire, clivant ? Où est le Manuel Valls qui assume qui il est vraiment ?

Parce que la "Force tranquille", désolé, mais ce n'est pas Manuel Valls, qui a bien d'autres qualités et qui a tort de les abandonner. L'ardoise magique, c'est pour les enfants : ça ne marche plus en politique.