Ce rendez-vous veut marquer les deux ans, jour pour jour, de l'Accord de Paris. La journée du mardi 12 décembre sera consacrée au One Planet Summit (le sommet de la planète). Une réunion mondiale, qui se déroulera à la Seine Musicale, sur l'Île Seguin dans les Hauts-de-Seine et mobilisera des entreprises et des leaders internationaux de la finance pour parler "écologie".
La proposition de cette journée avait été faite par Emmanuel Macron après l'annonce par Donald Trump du retrait des États-Unis de l'Accord de Paris en juin dernier. Co-organisée avec l'ONU et la Banque mondiale, la question principale sera le financement d'une transition écologique mondiale. Autrement dit, les multinationales et autres banques puissantes réfléchiront à : comment orienter la finance mondiale vers les investissements verts, et le soutien des pays du Sud.
Pour en parler, 2.000 acteurs clés du public et du privé seront rassemblés dans l'ouest de Paris. Parmi eux, une cinquantaine de chefs d'États, des dirigeants d'entreprises ou d'organisations mondiales, dont le secrétaire général de l'Onu Antonio Gutteres, le président du Groupe Banque mondiale Jim Yong Kim, Michael Bloomberg, Bill Gates ou des célébrités comme Leonardo DiCaprio et Arnold Scharzenegger. Donald Trump quant à lui, n'a pas été invité, suite à son retrait.
Le 7 décembre, 80 économistes de 20 pays ont demandé aux entreprises d'arrêter les investissements dans les énergies fossiles. Les trois quarts d'entre elles, lors de leur combustion, sont responsables des émissions de gaz à effet de serre causant le dérèglement climatique.
Cette réorientation des investissements devrait alors encourager les "green bonds" (fonds verts). C'était le thème du Climate Finance Day (Journée du financement climatique) qui a eu lieu lundi 11 décembre à Paris. Les green bonds sont des émissions obligataires lancées par une collectivité locale ou une entreprise, afin de financer un projet ou une activité favorable à la transition énergétique. C'est également l'occasion pour les entreprises de verdir leur image.
Selon un rapport d'Oil Change-Amis de la Terre-WWF-Sierra Club, les banques de développement et institutions publiques liées au G20 dépensent annuellement 72 milliards de dollars dans des projets liés aux fossiles, et par comparaison quatre fois moins pour les énergies propres.
La Banque mondiale estime que 100 millions de personnes supplémentaires sont menacées de pauvreté d'ici à 2030 du fait du changement climatique dans un rapport intitulé "Shock waves : managing the impacts of climate change on poverty". Un chiffre sur le bilan humain que peut avoir le dérèglement climatique dans quelques années et qui permet de se rendre compte de l'urgence et l'ampleur du phénomène.
Pour les pays du Sud, qui sont les plus démunis face aux changements climatiques, les pays du Nord ont promis de porter à 100 milliards de dollars par an d'ici 2020 leurs financements climat. Les pays du sud réclament par ailleurs des assurances que la promesse sera tenue en particulier pour pouvoir s'adapter aux impacts des dérèglements. C'est pour cette raison que des dirigeants africains seront présents au sommet pour discuter de cette part de financement.
Outre le monde des finances, le One Planet Summit sera également l'occasion pour le monde politique de prendre conscience des cris d'alarme des scientifiques et d'agir en fonction. C'est pourquoi des discussions seront ouvertes avec les dirigeants des quatre coins du monde sur le rôle que les gouvernements doivent jouer dans cette lutte et comment ils peuvent renforcer les politiques publiques.
Emmanuel Macron s'adressera directement aux chefs d'État afin d'encourager le financement public. Depuis son slogan "Make Our Planet Great again" (redonnons sa grandeur à notre planète) prononcé à l'annonce du retrait des États-Unis de l'accord de Paris, le Président français veut montrer sa volonté d'agir pour la transition énergétique et pas qu'au niveau national.
"Il fallait prendre le lead et proposer une démarche collective, explique l’Élysée. Il fallait donc travailler avec tous les acteurs engagés, sur un volet concret de la mise en œuvre de l’accord". Ainsi, ces discussions devraient déblayer le terrain avant fin 2018, où "les pays sont attendus à la COP24 pour relever leurs ambitions", rappelle Nick Nuttall, porte-parole du secrétariat climat de l'ONU.