Violences faites aux enfants : pourquoi Gérald Darmanin évoque "le prochain scandale de politique publique"

Ce lundi 6 janvier, sur RTL, Gérald Darmanin a voulu "attirer l'attention" sur le "continent caché" que sont "les violences faites aux enfants, sans doute le prochain scandale de politique publique que nous n'avons pas su régler". Le ministre de la Justice semble vouloir faire de ce sujet l'une de ses trois priorités de son mandat. Pour le moment, il alerte. 

Les chiffres font froid dans le dos : en France, un enfant est tué tous les cinq jours dans le cadre familial, selon un rapport remis au gouvernement en 2019. Sans qu'il n'y ait réellement de politique publique sur ces infanticides. L'ancienne secrétaire d'État à l'enfance parlait elle-même d'"angle mort" de la lutte contre les violences faites aux mineurs.

Autre statistique : 160.000 enfants subissent annuellement des violences sexuelles. Toutes les trois minutes, un enfant est victime d'inceste - deux à trois enfants par classe sont victimes d'inceste chaque année - de viol ou d'agression sexuelle. Dans neuf cas sur dix, ces violences se déroulent dans le cercle familial proche. 

Le maigre bilan de la Ciivise

Sur ces questions, des chantiers ont été lancés par le passé. Comme le travail de la Ciivise (Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants) avec 30.000 témoignages recueillis en trois ans, 82 recommandations faites. 

Hélas, "une seule préconisation a été effective par le gouvernement. Un spot a été diffusé lors de la Coupe du monde de rugby. Sur les 81 autres préconisations, il ne se passe pas grand-chose", a déploré sur RTL Arnaud Gallais, ex-membre de la Ciivise, lui-même victime d'inceste. Pour lui, "le gouvernement ne s'est pas du tout emparé du travail mené".

Sur le plan judiciaire, si des affaires sont jugées quotidiennement, les chiffres sont loin d'être satisfaisants. Seulement 3% des viols et des agressions sexuelles font l'objet d'une condamnation des agresseurs. Beaucoup de victimes ne parlent pas de ce qu'elles ont subi. Environ 4% ont porté plainte. Le parcours est long et compliqué. De nombreux classements sans suite sont prononcés (faits anciens ou manque de preuve).

Par ailleurs, trois séances annuelles d'éducation à la sexualité sont en théorie prévues par an pour chaque niveau scolaire. Si c'est obligatoire, moins de 15% des élèves en bénéficie pourtant aujourd'hui. Ce lundi matin, la ministre de l'Éducation nationale Élisabeth Borne a confirmé qu'un programme unique allait être présenté d'ici un mois avec une application à la rentrée prochaine.