Affaire des viols de Mazan : 51 hommes accusés d’avoir violé une femme droguée par son mari, un procès hors norme

C'est un procès hors norme qui s'ouvre ce lundi 2 septembre (jusqu'au 20 décembre) devant la cour criminelle du Vaucluse, à Avignon : celui de la soumission chimique. 

Entre 2013 et 2020, une femme a été droguée par son mari, puis mise à la disposition de nombreux inconnus recrutés sur internet. Des individus qui l'a violait. 92 viols au moins en moins de 10 ans. 50 personnes ont pu être identifiées. 

Le mari en question, c'est Dominique Pélicot, 70 ans. Monsieur-Tout-le-Monde. Un ex-commercial heureux de pouvoir enfin profiter de sa retraite avec son épouse Giselle dans un petit village du Vaucluse. Cinquante ans de vie commune, trois enfants.

Mais tout va s'effondrer le 12 septembre 2020. Ce jour-là, le père de famille est arrêté au supermarché local en train de filmer sous les jupes des femmes. Les policiers saisissent son téléphone, son ordinateur et ses disques durs. Ils vont découvrir que l'homme est très actif sur un forum de discussion sur internet. 

Dominique administre plusieurs comprimés d'anxiolytique, du Témesta, à son épouse. Des comprimés qu'il écrase dans son dîner. Il invite ensuite des inconnus contactés via ce réseau social spécialisé (fermé en juin dernier) à se rendre à son domicile pour violer sa femme inconsciente, sans demander de contrepartie financière.

Tout est filmé, daté et collectionné par l'homme. Une liste de 72 agresseurs est établie. Les policiers en identifieront 50. 

"Comme des comas"

Pendant près de dix ans, Gisèle se souvient d'être toujours fatiguée, d'avoir souvent des absences. Mais les médecins n'ont rien trouvé. Et puis qui aurait pu imaginer l'impensable. 

Du temps, il en a fallu pour tenter d'accepter ce qu'elle a subi. Selon l'expert psychiatre, elle risque un jour ou l'autre de faire une décompensation majeure. 
Elle ne se souvient de rien, d'aucun viol, comme le confirme sa fille Caroline au micro de RTL."C'est comme si tout ce qu'il y a avait dans son disque dur était effacé. Des scènes qu'elle n'a jamais vécu pour la bonne et simple raison que les dosages administrés étaient tellement puissants qu'elle perdait tout de suite connaissance. C'était comme des comas, une anesthésie générale."

L'avocat de Gisèle Pélicot tente de la préparer à ce procès. Parmi les dizaines et les dizaines de vidéos existantes, il a choisi de lui montrer uniquement quelques-unes, les pires. 

Un jeu libertin, selon certains co-accusés

Pour la première fois, ce lundi matin, Gisèle va voir ces 50 inconnus qui l'ont violé. L'une des images sidérantes de ce procès historique.

Au moment des faits, ces hommes avaient entre 21 et 68 ans. Ils sont pompiers, infirmiers, surveillants de prison. Des dizaines de professions représentées dans le box des accusés. Tous ont trouvé possible d'avoir un rapport sexuel avec une femme inerte qui ronfle sur les vidéos. "Un tel degré de sédation qui pourrait évoquer de la nécrophilie", écrit l'expert. 

L'immense majorité des accusés soutient toujours qu'ils ne sont pas des violeurs. Assurant pour certains qu'ils pensaient à une mise en scène, un jeu libertin. "Mes clients ont l'impression d'avoir été piégés", soutient l'avocat de six accusés, Me Da Silva. "Lorsqu'ils se rendent au domicile de M. et Mme Pélicot, il est question d'une personne un peu complexée par son âge, son physique (...) très timide. Dans leur esprit, il ne s'agissait que d'avoir une relation sexuelle avec une dame parfaitement consentante."

Une défense qui s'annonce périlleuse, alors que l'enquête a montré que tous ces accusés ont suivi à la lettre les précautions demandées par le mari : ne pas se garer devant la maison, se déshabiller dans la cuisine, ne pas fumer. Ou encore ne pas faire de bruit.

Les 51 hommes, dont Dominique Pélicot, risquent 20 ans de réclusion criminelle.

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