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Une liasse de billets (illustration)
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Le trafic de drogue est évalué à plus de 3,5 milliards et demi d'euros par an en France. De l’argent sale que les voyous doivent réintroduire dans le circuit pour le rendre légal, ce qu'on appelle le blanchiment. Cette pratique permet d’éviter de se faire pincer par les agents du fisc notamment.
Le journaliste Jérôme Pierrat, auteur de Parrains de cités : Enquête chez les millionnaires du trafic de stups, nous explique comment ces dealers font pour rendre cet argent sale totalement propre. Il existe des dizaines de techniques pour blanchir de l’argent, mais trois sont particulièrement étonnantes. La première correspond à celle du voyou qui gagne au jeu. "Le traditionnel super gagnant au tiercé ou au loto, évidemment, ça existe toujours", explique le spécialiste. "Vous allez fréquenter le feu Francis le Belge, un des derniers grands voyous marseillais. Il a justement été tué dans un fameux course par course, où l'on suit le tiercé. Il rachetait tous les tickets gagnants de la salle et les payait un peu plus cher. Quand le gars avait gagné 100 euros, vous lui dites : 'Donne-moi ton ticket, je vais t'en donner 110'".
"Évidemment, quand vous êtes contrôlés, vous allez dire : 'J'ai joué 10 euros au PMU et puis j'en ai gagné 100'. Donc, ces 100 euros-là sont blanchis puisque vous les avez donnés de la main à la main au vrai gagnant et que vous avez récupéré une somme qui vient du PMU", poursuit Jérôme Pierrat. "Les types écument les points de jeu, passent leurs journées ou paient un gars pour le faire, pour attendre devant le tabac tous les jours".
À grande échelle, la méthode des courses devient plus compliquée. C'est pourquoi certains se lancent plutôt dans l’achat d’un kebab, d’une onglerie ou d’un pressing. Jérôme Pierrat prend l'exemple d'une sandwicherie. "J'ai ma sandwicherie, vous allez me dire, j'ai 10.000, 20.000 ou 30.000 euros à blanchir par mois. Cet argent en liquide, vous allez le mettre dans la caisse et puis vous allez déclarer que vous avez vendu 200 sandwichs dans la journée. Évidemment, vous allez acheter le pain qui va avec, la viande qui avec, et vous allez la donner gratuitement à quelqu'un d'autre pour avoir l'impression de consommation".
"Si vous avez pris un crédit à la banque, vous allez le rembourser au fur et à mesure. Vous allez voir votre banquier et lui dire : 'Mon premier commerce marche bien, je vais peut-être en ouvrir un deuxième et mettre le premier en garantie'. Vous pourrez en monter deux, trois, quatre, cinq, six… À la fin, vous pourrez gagner 20.000 euros nets par mois en cumulant des salaires dans toutes ces entreprises et en payant des impôts", assure le journaliste. "Ça va passer crème".
Après un moment, les dealers commencent à avoir beaucoup trop d'argent à blanchir, ce qui pose un problème. Un kebab qui fait trois millions d’euros de chiffre d'affaires tous les mois, ça peut éveiller les soupçons. Alors, les "têtes de réseaux" font preuve d’ingénierie fiscale avec des banquiers occultes. Les banquiers complices se débrouillent pour faire sortir l’argent en le transférant vers des pays moins regardant sur la provenance des fonds. Ensuite, soit ils montent des boîtes fictives dans les pays en question, soit ils optent pour la technique du prêt.
"Si vous mettez votre argent dans un pays étranger et que, vis-à-vis de l'administration fiscale française, vous ne pouvez pas prouver que vous avez gagné 4 millions d'euros au Pérou (par exemple), la banque péruvienne va vous faire un prêt de 4 millions d'euros", explique Jérôme Pierrat à titre d'exemple. "Vous mettez les 4 millions d'euros sur votre compte, via le banquier occulte qui va vous le placer dans un compte bancaire en Amérique du Sud. La banque va faire comme si vous n'aviez pas d'argent, mais elle sait que vous avez 4 millions d'euros chez elle, donc elle a la garantie d'être remboursée. Alors, elle va vous faire un prêt en France de 4 millions d'euros", détaille-t-il.
"Officiellement, au pire l'administration fiscale, vous lui dites : 'Je n'ai pas remboursé la banque péruvienne, je n'y arrive pas, je n'ai pas d'argent, pour l'instant, ils ne m'ont pas saisi, c'est leur problème et pas le vôtre.' De son côté, la banque péruvienne a votre compte chez elle qui rembourse le prêt qu'elle vous a accordé et personne n'y verra rien". Des techniques comme celles-là, il en existe des dizaines toutes plus subtiles les unes que les autres.
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