Un homme est mort à Paris la semaine dernière après avoir consommé de la 3-MMC. Cette drogue de synthèse circule de plus en plus les milieux festifs, prisés par des consommateurs attirés par son prix attractif : moitié moins chère que la cocaïne. RTL a pu rencontrer un ancien consommateur.
Son premier rail de 3-MMC, c'était il y a deux ans. Nicolas, parisien d'une quarantaine d'années se souvient de cette soirée où il a pratiqué du "chemsex" avec d'autres hommes dans un appartement.
Le principe : se droguer pour rendre les ébats plus intenses. "J'ai sniffé la 3-MMC, en 15 minutes ça a fait effet. J'avais l'impression d'être complètement désinhibé. Je me sentais tout-puissant, j'étais bien. Plus j'en prenais, plus j'avais envie d'en prendre. Je sniffais toutes les 20 minutes. Les rapports ont duré toute la nuit, jusque dans la matinée", dit-il.
Nicolas ne se souvient plus de la quantité qu'il a ingérée, "sûrement plusieurs grammes". Le Parisien se rappelle surtout des conséquences sur son organisme : "Lors de ces soirées, vous couplez la 3-MMC au viagra et au poppers".
J'en ai tellement pris que j'ai perdu connaissance
Nicolas, ancien consommateur de 3-MMC
"À un moment, j'en avais tellement pris que j'ai perdu connaissance, je me suis réveillé quelques secondes plus tard sur le carrelage. J'ai tout de même terminé la soirée", se souvient le quadragénaire, qui raconte ensuite les jours qui ont suivi cette soirée.
"La descente, c'était une catastrophe. Pendant deux semaines j'avais une sensation de mal-être profond. Physiquement, j'avais des fourmis devant les yeux, des palpitations, c'était très difficile". Après deux soirées sous 3-MMC, Nicolas a décidé de ne plus jamais retoucher à cette drogue. "Si vous n'avez pas de volonté, vous pouvez très facilement tomber dedans".
Sous forme de poudre, de cristaux, ou en injection, cette substance de la famille des cathinones est désormais consommée dans des soirées festives ou en boite de nuit. "La 3-MMC est une molécule synthétique qui a des propriétés stimulantes qu'on peut comparer aux amphétamines", explique Sabrina Cherki, chargée d’études à l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives.
"Cette substance se diffuse en contexte festif pour tenir toute la nuit, s'ambiancer etc. Les usagers consomment à l'origine d'autres substances comme la cocaïne ou la MDMA, ils viennent notamment à la 3-MMC pour avoir des effets similaires à moindre coût", poursuit la spécialiste. Les mêmes effets pour un produit effectivement bien plus accessible et deux fois moins cher que la cocaïne. Sur internet, il est possible de commander deux grammes pour 45 euros.
"Vous ne risquez absolument rien. Livraison sécurisée, sous deux jours ouvrés", nous assure le service client d'une plateforme par mail. Depuis quelques mois les dealeurs des grandes villes, baptisés "ubercoke", ont ajouté cette nouvelle drogue à leurs menus, leurs listes de produits disponibles. Nous avons contacté celui qui se fait appeler Tonny sur WhatsApp, il nous propose une livraison dans la journée : 50 euros le gramme de 3 MMC, 70 euros la cocaïne. "Les prix de gros sont moins chers parce que c'est une drogue synthétique qui n'est pas extraite à partir de plantes. Elle est fabriquée en Chine et en Inde, du coup les intermédiaires sont beaucoup moins chers", précise Sabrina Cherki.
Cette drogue ne circule pas seulement en France. Les polices d'Europe s'alarment. Pays-Bas, Pologne ou encore Belgique. La police fédérale confirme à RTL que ce produit a été consommé cet été dans des festivals. D'après un rapport de l'EMCDDA, l'agence européenne spécialisée, publié en mars, 3,3 tonnes de cathinones de synthèse ont été saisies dans l'Union européenne en 2020, contre 750 kg un an plus tôt.
Les praticiens reçoivent de plus en plus de patients accros à la 3-MMC dans leurs cabinets. "Il y a des risques d'AVC, d'arrêts cardiaques. Il y a aussi des conséquences psychologiques et psychiatriques, avec des manifestations de type anxiété, dépression", alerte le professeur Amine Benyamina, président de la Fédération Française d'addictologie et chef du service de psychiatrie de l'Hôpital Paul-Brousse à Villejuif.
"Pour l'instant ce n'est pas une épidémie, mais cet été, on a eu une alerte donc il faut tout de suite mettre en place des choses", notamment en termes de prévention. En 10 ans, au moins 27 personnes sont mortes en Europe après avoir consommé de la 3-MMC.
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