Les narcotrafiquants ont fait du port du Havre la première porte d'entrée en France métropole pour acheminer la cocaïne en provenance d'Amérique du Sud. Sur place, ils peuvent compter sur des intermédiaires bien organisés afin de sortir l'or blanc des conteneurs au profits de leur réseaux. Il faut des personnes pour préparer les faux papiers, fournir des armes, des véhicules mais surtout des recruteurs afin d'intimider et corrompre les dockers : maillons essentiels du trafic.
Ces ouvriers du ports, parmi lesquels on trouve également des chauffeurs routiers ou des logisticiens, sont sollicités et intimidés afin de rendre le port accessible. Tout ce processus de recrutement pour faire sortir la cocaïne du port se paie au prix fort.
Les recruteurs peuvent toucher entre 100.000 et 200.000 euros de la part des trafiquants, le docker qui déplace les conteneurs 50.000 et le chauffeur routier qui sort "les boîtes" du port touche entre 10.000 et 20.000 euros. Des sommes plutôt raisonnables lorsque l'on sait que 100 kilos de cocaïne peuvent être revendus plus de 3 millions d'euros.
On est surveillés au drone et à la jumelle
Alain Le Maire, délégué syndical CGT Douane
Les douaniers passent les conteneurs au scanner, réalisent les saisies mais ils sont en sous-effectif assure la CGT. "On est passé de 460 douaniers sur le port en 2002 à un peu plus de 300 aujourd'hui, explique Alain Le Maire, délégué syndical CGT Douane. Dans le même temps, le trafic a triplé en 20 ans. Il n'est pas compliqué de comprendre que l'on bricole aujourd'hui".
Des douaniers surveillés de près par les trafiquants. Sur le port, il est déjà arrivé que les agents assistent à des scènes surréalistes. "On est surveillés au drone et à la jumelle, raconte Alain Le Maire. Récemment, un homme a été pris en flagrant délit. Il pilotait un drone et les caméras retransmettaient directement les images des conteneurs sur les téléphones portables de ses complices".
Les mouvements des conteneurs sur le port du Havre sont scrutés avec soin. "Il y a quelques années, on avait une mafia colombienne partout sur le port. Ils rentrent où ils veulent", conclut le syndicaliste.
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