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Suicide d'une directrice d'école : le long calvaire de Caroline Grandjean, victime de harcèlement homophobe

Caroline Grandjean, directrice d'école à Moussages dans le Cantal, a mis fin à ses jours le jour de la rentrée scolaire, après avoir enduré dix-huit mois de menaces et d'insultes homophobes. Récit d'une lente descente aux enfers.

Un crayon brisé sur le sol (image d'illustration)

Crédit : Photo de Joshua Hoehne sur Unsplash

Eléonore Aparicio

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Le jour de la rentrée scolaire, lundi 1er septembre 2025, Caroline Grandjean, directrice d'école à Moussages dans le Cantal, décide de ne pas emprunter le chemin familier de son établissement, comme elle l'a toujours fait.

Aux alentours de 10h30 du matin, elle compose le numéro de la plateforme nationale de prévention du suicide pour un ultime appel au secours. Elle se dirige ensuite vers un lieu escarpé près d'Anglards-de-Salers, et au milieu de cette nature, elle met fin à ses jours, comme l'a révélé Le Parisien.

Ce geste désespéré est l'aboutissement de dix-huit mois de harcèlement homophobe. Le 13 décembre 2023, en entrant dans la cour de l'école, la quadragénaire découvre une inscription sous le préau : "Sale gouine". Immédiatement, elle alerte l'inspection académique qui lui répond de rester professionnelle : "Ce n'est pas toi qui est attaquée, mais ta fonction".

Mais Caroline Grandjean refuse de se taire. Elle informe les parents, dépose plainte et rempli même une fiche "santé sécurité au travail" destinée à signaler des faits graves, écrivent nos confrères de Libération. 

Insultes, inscriptions et menaces anonymes

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Arrêtée quelques semaines, la directrice d'école est de retour dans son établissement au mois de janvier 2024. Deux mois plus tard, le cauchemar continue. Le 7 mars 2024, une nouvelle inscription fait son apparition dans l'école "gouine = pédophile". À nouveau, elle porte plainte. Cette fois-ci, sa hiérarchie lui fait comprendre qu'elle ne doit pas se mettre en arrêt.

Un communiqué commun est publié par la mairie, l'inspection académique et les représentants de parents d'élèves pour la soutenir. Un geste loin d'être suffisant, selon Christophe Tardieux, auteur de la bande dessinée Cas d'écoleoù il raconte l'histoire de cette directrice qui s'est confiée à lui. 

"Il n'y avait pas de soutien. Elle avait l'impression d'y aller toute seule, en fait. Elle était éprise de justice. Elle voulait juste qu'on lui rende justice. Mais elle se sentait tellement seule que c'est devenu de plus en plus compliqué", raconte-t-il à RTL.

À la fin du mois de mars, c'est dans sa boîte aux lettres que Caroline Grandjean découvre un nouveau message "va crever sale gouine", puis un nouveau tag au mois de juin "Dégage, sale gouine". Cette fois-ci s'en est trop. On lui propose de changer d'établissement et de l'affecter ailleurs, plus loin de chez elle, mais la directrice refuse. Elle veut rester là où elle a construit sa vie et elle est prête à résister mais une nouvelle inscription au mois d'août brise ses dernières défenses. 

Un cri desespéré

Arrêtée depuis la rentrée 2024, Caroline Grandjean n'a cessé de ressasser toutes ces menaces à son encontre. Cinq plaintes, une enquête judiciaire ouverte mais aucune trace de ces corbeaux. En janvier dernier, elle décide de se confier à Christophe Tardieux, connu sous le nom de Remedium qui publie son récit sous la forme du BD. 

Quelques mois plus tard, l'Éducation nationale porte plainte contre Christophe Tardieux pour diffamation. Caroline Grandjean est auditionnée, "comme une coupable", assure l'auteur dans un message sur le réseau social X. "L'éducation nationale a planté les clous de son cercueil en n'assumant rien".

Trois jours avant cette rentrée 2025, l'ancienne directrice d'école subit un nouveau revers. "Caroline m'écrivait pour n'annoncer que l'inspectrice qui ne l'avait pas soutenue était promue, devenant l'assistante de la Directrice académique, raconte Remedium sur X, je n'ai pas su voir que l'info qu'elle me donnait était le dernier clou de son cercueil".

Interrogé par RTL, Christophe Tardieux assure qu'en se suicidant le jour de la rentrée, "Elle a voulu faire passer un message. Et ce message, il faut l'entendre". 

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