Dans les années 90, l'Ordre du Temple Solaire fait 74 morts en France, en Suisse et au Canada. Les fondateurs de la secte, Jo Di Mambro et Luc Jouret, promettaient à leurs adeptes qu'ils rejoindraient l'étoile Sirius par le biais de la mort, afin de trouver un monde meilleur. Pour la justice, ces massacres ne sont autre que des "suicides collectifs".
Mais de nombreuses zones d'ombre troublent les parties civiles au cours de l'instruction. Elles réclament à plusieurs reprises l'exploration de la thèse de l'assassinat. En vain. Après quatre ans et demi d'enquête, Michel Tabachnik, désigné comme numéro trois de la secte, est le seul prévenu à comparaître devant la justice, les deux gourous faisant partie des personnes décédées.
"À l'origine, le chef d'accusation parle d'assassinat, participation à une association de malfaiteurs et complicité d'assassinat. Par la suite, allez savoir pourquoi, 'assassinat' n'existe plus", s'afflige Alain Vuarnet. Dans le deuxième épisode des Voix du Crime consacré à cette affaire, celui qui a perdu son frère et sa mère dans les massacres revient sur le sentiment de trahison qu'il a ressenti lors de l'enquête, et sur le procès mouvementé qui a suivi.
Le président du tribunal a traité nos propos de café de commerce
Alain Vuarnet
Une contre-expertise, réalisée par le professeur Lavoué à la demande des parties civiles, avait relevé un taux anormalement élevé de phosphore sur les victimes. Selon l'expert, cela pouvait laisser penser que quelqu'un d'extérieur avait pu intervenir en utilisant un lance-flamme. Pourtant, la justice n'a jamais pris le temps de se pencher sur cette hypothèse.
"On nous a débouté sur plein de demandes judiciaires, jusqu'au moment où le président du tribunal a traité nos propos de 'café du commerce", se souvient Alain Vuarnet, qui a alors brutalement quitté la salle d'audience. "C'était la goutte qui fait déborder le vase. J'étais vraiment choqué parce qu'on était là pour connaître la vérité", insiste-t-il.
J'ai demandé de respecter une minute de silence
Alain Vuarnet
Après plusieurs jours d'audience, Alain Vuarnet obtient l'accord du président pour exprimer librement son désappointement. Puis, dans un élan de spontanéité, "je me suis retourné vers la salle et j'ai demandé de respecter une minute de silence pour tous les gens qui avaient perdus la vie", raconte-t-il. Demande suivie par l'assemblée qui s'est ensuite tue. Ce geste inattendu, qui l'a surpris lui même, n'avait encore jamais eu lieu au sein des tribunaux français.
À l'issue du procès, Michel Tabachnik a finalement été relaxé, les juges estimant que les écrits ésotériques dont il était l'auteur n'étaient pas responsables de la mort des 74 adeptes entre 1994 et 1997.
>> Les Voix du crime sont avocats ou avocates, enquêteurs ou enquêtrices, proches de victimes, de suspects ou de coupables. Ces témoins-clefs se confient au micro des journalistes de RTL. Des témoignages inédits, qui apportent un éclairage nouveau sur la justice et les grandes affaires criminelles d’aujourd’hui.
Deux fois par mois, l'une de ces Voix du crime nous raconte son point de vue sur une affaire criminelle. Un podcast RTL.
Cet épisode des Voix du crime a été réalisé en partenariat avec Le Nouveau Détective
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