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Quadruple meurtre à Vaux-le-Pénil : comment un vol de voitures a permis de démasquer le coupable

PODCAST - En septembre 1995 à Vaux-le-Pénil (Seine-et-Marne), Stéphanie, Donald et leurs deux enfants disparaissent soudainement. Gilberte Crovisier, la grand-mère, raconte comment un vol de voiture a permis de rétablir la vérité sur cette macabre affaire.

Salle d'audience de la cour d'assises de Melun
Salle d'audience de la cour d'assises de Melun
Crédit : MARTIN BUREAU / AFP
58. Quadruple meurtre à Vaux-le-Pénil : quand la grand-mère des victimes mène l'enquête
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Agnès Bonfillon & Jeanne Rouxel

En septembre 1995, une famille disparaît soudainement dans la commune de Vaux-le-Pénil en Seine-et-Marne. Depuis plusieurs jours, Stéphanie Sané, Donald Davila et leurs deux enfants ne donnent plus de nouvelles. Inquiète, Gilberte Crovisier, la mère de Stéphanie, cherche des réponses auprès du commissariat de Melun. 

"Je leur demande s'il y a eu un accident de la route et ils me disent 'non, non, ils ne sont pas sur la liste de blessés, ils n'apparaissent nulle part."', rapporte Gilberte Crovisier, la mère de Stéphanie dans les Voix du Crime. Face à ce silence inexpliqué, l'officier envoie deux patrouilles sur le terrain abandonné sur lequel réside la famille. Sur place, aucune trace d'effraction ne laisse présager un scénario inquiétant. Si les nouvelles se veulent rassurantes, l'inquiétude de Gilberte grandit. 

L'intendante de l'école dans laquelle sa fille travaille, lui rapporte que le concierge s'est rendu au domicile des Davila. Sur place, ce dernier aurait alors croisé un homme qui lui aurait affirmé que la petite famille serait partie en vacances. Un élément confirmé, plus tard, par un ami des parents disparus : un certain Edgar Boulai, un voisin, garde le domicile de la famille durant leur absence. Troublée, Gilberte prévient les gendarmes, sans grand succès. Pendant près de neuf mois l'enquête est à son point mort, mais un détail ne va pas échapper à la mère de Stéphanie.

Je vois la marque des voitures, mais il n'y a plus de voitures

Gilberte Crovisier

Au mois de juin, Gilberte Crovisier se rend une nouvelle fois sur le terrain. "Je vois la marque des voitures, mais il n'y a plus de voitures. Donc j'arrive, et je vois qu'il y a la télévision allumée à travers les carreaux et qu'il y a quelqu'un", se souvient-elle. C'est Edgar Boulai en personne, l'homme censé garder le domicile, qui lui ouvre la porte. Gilberte le questionne sur l'absence des véhicules. Ce dernier l'informe alors qu'il les a déposés à la casse car "elles pourrissaient" rapporte-t-elle.

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Choquée, la mère de Stéphanie porte plainte à la gendarmerie de Montreuil pour vol de véhicules. Sur place, personne ne prend au sérieux sa déposition. Face à l'inaction des autorités, Gilberte se rend à Bobigny, bien décidée à se faire entendre. À force de persévérance, son discours finit par être pris au sérieux et sa plainte aboutie.

J'ai fait tout le travail

Gilberte Crovisier

Pourtant, Gilberte n'a toujours pas de nouvelles. C'est après un énième appel, cette fois à la mairie de Vaux-le-Pénil, que l'enquête va avancer. Elle apprend alors que la maison de sa fille et de son gendre est désormais sous surveillance policière. Après des mois d'errance, fouilles et auditions sont enfin réalisées. Les autorités semblent désormais s'intéresser à celui que Gilberte suspecte depuis le départ : Edgar Boulai. Et l'intuition de Gilberte se confirme : le forcené est bien connu des services, condamné à plusieurs reprises pour violence, vol et conduite en état d'ivresse. 

Gilberte Crovisier se remémore douloureusement la date du 23 septembre 1996. Ce jour-là, elle apprend que les corps de la famille Davila ont été retrouvés, enterrés sur le terrain où ils résidaient. Autour des cadavres, de nombreux ossements de poulet ont été découverts et la piste d'un meurtre autour d'un rite vaudou est questionnée. Unique suspect, Edgar Boulai n'avouera jamais ses crimes. Condamné à perpétuité par la cour d'assises de Melun en juin 2000, la remise en liberté du tueur est aujourd'hui questionnée. 

Gilberte Crovisier n'a jamais baissé les bras face à la disparition de sa fille, de son gendre et de ses deux petits enfants pour rétablir la vérité. Sans sa détermination, cette affaire n'aurait peut-être jamais connu justice. Aujourd'hui, cette mère et grand-mère endeuillée garde une forte amertume sur cette laborieuse enquête. "J'ai fait tout le travail", déplore-t-elle. 

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>> Les Voix du crime sont avocats ou avocates, enquêteurs ou enquêtrices, proches de victimes, de suspects ou de coupables. Ces témoins-clefs se confient au micro des journalistes de RTL. Des témoignages inédits, qui apportent un éclairage nouveau sur la justice et les grandes affaires criminelles d’aujourd’hui.

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