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La police n'a pas encore déterminé le mobile de l'agresseur
Crédit : RTL
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"J'ai subi six agressions, et c'est la première fois que je porte plainte." Après s'être fait bousculé, menacé et insulté une énième fois le mercredi 18 septembre, Alexandre*, 19 ans, a décidé le de se rendre à l'Hôtel de police de Toulouse pour déposer plainte pour "agression homophobe". Pourtant, lorsqu'il rapporte les faits et les propos sans ambiguïté de son agresseur présumé à l'agente de police qui l'accueille, celle-ci refuse de caractériser l'agression en ces termes.
Selon elle, l'agresseur n'avait pas connaissance de l'orientation sexuelle de Alexandre puisque celui-ci ne le connaissait pas. "On ne peut pas dire que c'est homophobe", lui répond-elle. Pour appuyer ses propos, elle se lance dans une description de l'apparence de Alexandre, qui selon elle n'est pas "assez efféminé". "Elle m'a dit 'On ne pourrait pas dire que vous êtes homosexuel dans la rue'", raconte-t-il.
Décontenancé, Alexandre dépose plainte pour simple "agression" et rentre chez lui, effrayé à l'idée de croiser son agresseur de nouveau. "Il m'a menacé de mort, j'avais peur qu'il m'ait déjà vu ou qu'il sache où j'habite."
La policière ne s'est jamais excusée
Alexandre
En sortant du commissariat, Alexandre en parle avec un de ses amis, Rafaele. Tous deux décident de médiatiser ce qui vient de se passer en racontant la scène sur les réseaux sociaux. "On a d'abord fait une story Instagram", explique Alexandre. Puis, Rafaele tweete directement un message mentionnant la police nationale. Son message est partagé des centaines de fois.
Si bien que la police finit par répondre et contacter Alexandre de nouveau par messages privés, puis par téléphone. Le commissariat et lui conviennent d'un nouveau rendez-vous le 30 septembre pour modifier la plainte. Cette fois-ci le caractère homophobe de l'agression est retenu. "La policière ne s'est jamais excusée", insiste Alexandre.
Du côté de la police, on déplore le "malentendu" et "la maladresse non-intentionnelle" de l'agente vis-à-vis de Alexandre. "La policière a recueilli sa plainte, et elle a cherché à savoir si la victime connaissait l’auteur de l’agression, ou si l’auteur avait connaissance de son orientation sexuelle, pour consolider l’intention homophobe", explique Nelson Bouard, directeur départemental de la sécurité publique de Haute-Garonne à RTL.fr.
La policière a abordé l'agression sous l'angle "strictement juridique", insiste-t-il, avant de reconnaître : "Elle n’a pas pris la mesure du ressenti de la victime et de sa certitude d’avoir été insultée et bousculée en raison de son orientations sexuelle. La volonté n'était pas de minimiser mais de caractériser."
Dans le Code pénal, une agression est caractérisée comme homophobe si "l'infraction est précédée, accompagnée ou suivie de propos, écrits, utilisation d'images ou d'objets ou actes de toute nature portant atteinte à l'honneur ou à la considération de la victime ou d'un groupe de personnes dont fait partie la victime à raison de leur orientation sexuelle vraie ou supposée".
À plusieurs reprises, Alexandre assure avoir dit à la policière être homosexuel et avoir été insulté notamment de "pédé". "Il m'a dit 'Tu vas mourir, tu es contre-nature, je vais te retrouver'", ajoute-t-il.
Si je peux me servir de ma visibilité pour faire avancer les choses au sein de la police, c'est bien
Alexandre
Alexandre déplore le manque de formation de la police pour traiter ce genre de plaintes. "Si
je peux me servir de ma visibilité pour faire avancer les choses au sein de la police et la cause LGBTQ+, c'est bien, explique-t-il. Une personne homosexuelle peut avoir n’importe quelle
caractéristique".
Nelson Bouard affirme que la police toulousaine travaille à l'élaboration d'une formation plus complète que la formation initiale des forces de l'ordre. Le tout, en collaboration avec la Délégation Interministérielle à la Lutte Contre le Racisme, l'Antisémitisme et la Haine anti-LGBT (DILCRAH). "Le but est d'éviter ces maladresses, trouver
les bons mots et le bon ton pour poser les questions, entre le juridisme et la prise en compte de l’impact psychologique que l'agression a eu sur la victime."
Mardi soir la police était en plein processus d'identification de l'agresseur présumé de Alexandre, grâce à la vidéo-surveillance.
*Le prénom a été modifié
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