C’était il y a une semaine, un énième affrontement entre bandes rivales a éclaté en plein cœur de Paris, entraînant la mort d'un adolescent de 14 ans. Une trentaine de garçons, très jeunes, qui s’affrontent à coup de pieds de biche et de barres de fer.
Les faits se sont déroulés dans le quartier de la Grange-aux-Belles, dans le 10ème arrondissement de la capitale, sous les yeux des riverains. Dix minutes d’une violence inouïe jusqu’au drame. Wally, 14 ans s’effondre, la cuisse entaillée par un Opinel. Victoria se trouvait tout près lors de la rixe entre adolescents, c’est elle qui lui a prodigué les premiers soins.
"On les a vus tous défiler avec des battes de base-ball, des barres de fer, des morceaux de bois", explique la jeune femme à RTL. "On a vu un jeune qui faisait des grands gestes avec un Opinel de 40 centimètres. Deux secondes plus tard, un jeune qui tombe avec du sang qui commence à se répandre", se souvient-elle.
"Je suis arrivée, il y a quelqu'un qui a appuyé sur la plaie. J'ai directement appuyé dessus avec lui. J'avais fait un garrot juste avant donc du coup ça a un peu limité le sang, mais très légèrement, ça continuait à pisser le sang", confie Victoria.
Elle assure qu'"on n'arrivait plus à différencier qui était de quelle équipe". "Ils étaient tous choqués, les mains sur la tête en train de comprendre ce qu'ils étaient en train de faire", raconte Victoria. Malgré son intervention et celle des secours, le garçon décédera le lendemain à l'hôpital.
Ces bagarres entre bandes en plein Paris, sans mobile particulier, se multiplient. Une guerre des quartiers sans mobile, c'est typiquement ce qui s'est produit à la Grange-aux-Belles la semaine dernière. Une bande du XXème arrondissement contre un groupe du Xème.
Les agresseurs du lundi sont souvent les victimes du lendemain
Adrien Gabeaud est avocat de plusieurs familles d'adolescents impliqués dans ces violences
Adrien Gabeaud, avocat de plusieurs familles d'adolescents impliqués dans ces violences, tente d'expliquer le phénomène pour RTL : "Le mobile, hélas, est rarement trouvé. Ce n'est pas un mobile sur fond de trafic de stupéfiants, ce n'est pas non plus des mobiles crapuleux".
"Les agresseurs du lundi sont souvent les victimes du lendemain entre quartiers rivaux, c'est-à dire entre quartiers limitrophes", déplore l'avocat. Trois quarts des participants à ces rixes sont mineurs, selon la préfecture de police de Paris. La moyenne d'âge est de 17 ans et demi et ils n'ont parfois que 13 ans.
Ils s'arment de couteaux, de boules de pétanques, de barres de fer, sans jamais envisager le pire. "Aussi curieux que cela puisse paraître, ces jeunes se rencontrent pour en venir aux mains, mais ne se rencontrent pas dans l'optique de tuer. Le paramètre mort n'est pas envisagé", explique Adrien Gabeaud.
Des rixes comme celle-ci, en plein Paris, il y en a eu 89 l’an dernier. Il s'agit essentiellement de violences qui ont lieu dans le nord est de la capitale. Elles ont fait 59 blessés et un mort. Un adolescent de 17 ans avait été poignardé en octobre dernier. Un déchaînement de violence souvent entraîné par l’influence de vidéos qui mettent en scène des guerres des gangs.
Ces jeunes passent l’essentiel de leur journée scotchés a leurs téléphone dès leur plus jeune âge. Ils sont "biberonnés" aux clips de raps parfois ultra violents, venus des États-Unis Il y aussi, ce qui joue beaucoup, l’appartenance très forte au quartier. Victoria a grandi elle aussi à la Grange-aux-Belles, et connaît bien les ados de sa cité.
Il y a un souci avec les modèles
Victoria, témoin du meurtre d'un jeune de 14 ans à la Grange-aux-Belles
"Ils veulent représenter ça comme un gang, je pense qu'il y a un souci avec les modèles. Je pense qu'il y a des rappeurs qui devraient revoir leurs priorité dans leurs textes. On leur dit que l'homme doit être fort, Il doit être respecté mais pour être respecté, il faut faire des faits d'armes. On est plus au Moyen-Âge", se désole la jeune femme.
Ces jeunes veulent afficher leur puissance. Ils filment leurs bagarres, les postent ensuite sur Internet et comptent les points de tel ou tel quartier. La surenchère se poursuit ainsi, alimentée à coups d'insultes et de provocations, d’abord sur les réseaux sociaux, avant le prochain rendez-vous, bien réel cette fois, en pleine rue.
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