Ordre du Temple Solaire : 74 morts entourés de mystère

PODCAST - "L'Heure du crime" revient sur la série de meurtres et de suicides collectifs des membres de l'Ordre du Temple Solaire. Trois massacres qui ont eu lieu au Canada, en Suisse et dans le Vercors, en France, dans les années 1990.

L'ordre tu temple solaire

Crédit : Damien Meyer - AFP

L'INTÉGRALE - L'Ordre du Temple Solaire : des secrets si bien gardés

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L'ENQUÊTE - L'Ordre du Temple Solaire : à qui ont profité les crimes ?

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Fin des années 70, Joseph Di Mambro, un ancien bijoutier fiché comme escroc par les Renseignements généraux français, adepte de spiritisme et d'ésotérisme rencontre Luc Jouret, un jeune obstétricien belge qui s'intéresse aux spiritualités alternatives. Ils deviennent très vite inséparables. En 1984, ils fondent l’Ordre du Temple Solaire, l’OTS. Les autorités ne prêtent aucune attention à cette nouvelle association qui attire des passionnés d'occultisme, de divination et de civilisations perdues, jusqu'au 4 octobre 1994.

Ce jour-là, le premier crime a lieu dans un chalet au Canada. Un couple et leur enfant membre de l’OTS sont poignardés par un autre couple également membre de l’organisation. Ces derniers se suicident après le meurtre qu’ils commettent. L’enquête conclut à un drame privé. On saura plus tard que l’ordre d’assassiner la famille est venu du grand-maître Di Mambro. Il ne supportait pas que l'enfant soit né sans son autorisation.

Le lendemain, 48 autres victimes en Suisse subissent le même sort. Des lettres posthumes sont retrouvées, adressées à des journaux et à des hommes politiques suisses. Les corps retrouvés sont vêtus de capes blanches, noires, dorées… Les autorités évoquent tout de suite un suicide collectif. Parmi les "suicidés", on retrouve les deux fondateurs de l’OTS.

Les premières explications

Les enquêteurs cherchent à comprendre ce massacre. Les légistes établissent que bon nombre de victimes ont été abattues d'une balle dans la tête. Impossible de savoir si les tireurs font partie des suicidés. Des adeptes sont interrogés, dont Patrick Vuarnet.

Ce dernier raconte son expérience, en décrit dans le détail les rites, raconte que le grand chef Joseph Di Mambro pouvait convoquer tout le monde à n'importe quelle heure. Il explique que toutes les victimes étaient prêtes pour le transfert vers l’étoile "Sirius", sauf lui et sa mère : "Quand il nous explique ça, le ciel nous est tombe sur la tête", réagit le frère de Patrick, Alain Vuarnet.

Le 23 décembre 1995, c’est au tour de la France d’être frappée par l’OTS. Dans le massif du Vercors, seize corps sont retrouvés carbonisés, dont celui de Patrick Vuarnet et sa mère. L’hypothèse du suicide collectif est cette fois-ci écartée. La température du brasier ayant atteint les 1.700 degrés, un professeur évoque l’utilisation possible d’un lance-flammes. "On a pris un enquêteur de notre côté pour tenter de comprendre ce qu'il s'est passé", précise Alain Vuarnet.

L'heure de vérité ?

Après cinq ans d’enquête, un seul homme est poursuivi. Le 16 avril 2001, le chef d’orchestre franco-suisse Michel Tabachnik, connu pour être le troisième gourou de l’OTS comparait devant le tribunal correctionnel de Grenoble. C’est lui qui a rédigé Les Archées, un texte obscur qui faisait autorité au sein de l'Ordre. Le procureur demande cinq ans de prison. Mais le 25 juin, faute de preuves suffisantes, Michel Tabachnik est relaxé.

Le parquet fait appel et un deuxième procès a lieu le 24 octobre 2006. La famille de Patrick est présente. Cette dernière fournit au tribunal des rapports d'experts et une exhumation des deux corps. Mais les Vuarnet n'obtiennent aucune réponse. Cette fois, le procureur ne demande même pas de peine. Selon lui, le dossier est trop complexe et la thèse du suicide reste la plus probable. Michel Tabachnik est donc relaxé. L'enquête est close en France, en Suisse et au Canada.

Une piste n'est pas exploitée, c’est celle de l’expert judiciaire faisant partie de l’instruction. Lors du procès, il déclare : "C'est une affaire qui relève de l’état, je m’exprimerai un jour". Presque 30 ans après le décès de sa mère et de son frère, Alain Vuarnet se dit complétement apaisé au micro de Jean Alphonse Richard : "J’ai donné 15 ans de ma vie dans ce combat, mais maintenant, c’est terminé", conclut-il.

Les invités de "L'Heure du Crime"

- Alain Vuarnet, fils de Jean Vuarnet. Il a perdu sa mère et son frère dans la tragédie. Auteur de la préface du livre de son père Jean Vuarnet, Ils ont tué ma femme et mon fils – Ordre du temple solaire dans l’enfer d’une secte, aux éditions Archipoche.
- Eric Lemasson, grand reporteur et réalisateur d’une série documentaire avec Pierre Morath : La Fraternité – les secrets de l’ordre du temple solaire. Elle sera diffusée sur Planète + Crime le 24 septembre et le 1er octobre.

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