Affaire du "prédateur des bois" : la longue traque d'un violeur en série

Le 4 décembre 1998, Laura, une lycéenne de 15 ans, sort de cours pour rentrer chez elle à pied. Un conducteur s'arrête à sa hauteur, la menace d’un couteau et l’embarque dans sa voiture. Il la viole dans la nature avant de s'en aller. La jeune fille se rend immédiatement à la gendarmerie et dresse un portrait du violeur. Une trace ADN est collectée. 

Le prédateur s'attaquera à quatre autres jeunes filles, âgées de 15 à 18 ans, entre 1998 et 2008. Chaque viol est perpétré de la même façon, il se montre agressif avant, d'emmener ses victimes dans les bois et les agresse sexuellement à visage découvert. Malgré cela, les policiers sont incapables de retrouver l'agresseur. 

Huit années s'écroulent entre son quatrième et dernier viol. Les enquêteurs le croyait mort ou parti à l'étranger quand le 8 juin 2008, le prédateur des bois refait surface en plein Paris. Une jeune fille de 17 ans est menacée dans un ascenseur avant d’être conduite dans les bois de Champcueil et d’être violée. 

La machine policière accèlère

En 2011, la police interpelle deux individus, mais le profil génétique ne correspond pas. Les années passent et l'homme recherché n'est toujours pas identifié.

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10 ans après le dernier viol, en août 2021, la justice française décide de solliciter le FBI américain. Cette dernière a accès à de puissantes banques de données en matière de généalogie génétique. Sept mois après la demande, le FBI annonce avoir identifié un Français qui pourrait être un cousin très éloigné du violeur. Ils vont finir par croiser un petit-neveu… La soixantaine...Condamné à deux mois de prison en 1983 pour un attentat à la pudeur. Cet homme répondant au nom de Bruno L., un retraité qui vit tranquillement en région parisienne.
L’interpellation a lieu le 13 décembre 2022 à son domicile. Âgé de 62 ans, le violeur reconnaît 4 des 5 viols. Mis en examen et écroué, il prononcera ses mots au juge : "J'ai fait du mal à beaucoup de gens… Souvent, je pensais à ça, je me demandais : quand est-ce qu'ils vont m'arrêter ?" Ses proches sont tous stupéfaits. Interrogée par la police, sa sœur ne croit pas une seule seconde les enquêteurs, tandis que sa compagne est choquée : "Si c'est lui, je suis dégoûtée…"

Des pulsions irrépressibles

Dès sa garde à vue, Bruno L., alias le prédateur des bois, répond à toutes les questions des enquêteurs. Il tente de justifier ses actes par une enfance difficile. Son père était alcoolique et son frère aurait abusé sexuellement de lui à 8 ans.
En grandissant, il explique que des pulsions l'entraînent à chasser ces jeunes femmes. À propos du viol d’Elsa en 2008, il admet avoir ressenti du plaisir en dominant cette victime apeurée. Après ce dernier viol, il dit avoir pris conscience de la gravité de ses actes..."C'est là que je me suis dit qu'il faut arrêter, ça va aller jusqu'où, tu vas faire ça combien de fois et comment ?" Dit-il au juge.
L'enquête est toujours en cours, car "il est très probable qu'il ait commis d'autres viols lors des périodes où soit disant rien ne s'est passé", admet Philippe Guichard, ancien patron de l'Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP). Le prédateur des bois n'échappera pas à un procès aux assises. Il risque jusqu'à 30 ans de prison, "c'est un dossier emblématique, qui a duré 25 ans et sur lequel on ne se sera jamais découragés" conclut-il.

Les invités de "L'Heure du Crime"

- Philippe Guichard, ancien patron de l'OCRVP, aujourd’hui adjoint au sous-directeur de la lutte contre la criminalité organisée à la DCPJ.
- Me Fares Aidel, avocat de l'une des victimes du prédateur des bois.