Affaire Willy Van Coppernolle : combien de crimes a-t-il réellement commis ?

Le dimanche 4 avril 1993 dans la région de Narbonne, deux adolescents de 16 et 15 ans se présentent à la gendarmerie. Complètement déboussolés, ils racontent aux gendarmes la nuit atroce qu'ils viennent de passer : alors qu'ils rentraient de boîte de nuit en stop, un homme, la cinquantaine, lunettes, correctement habillé, s'est arrêté. Les deux garçons montent dans la voiture, quand soudain, l'homme bifurque sur un chemin de campagne et braque l'un des deux enfants : "Si tu fais un mouvement trop brusque, je loge une balle dans la tête de ton copain", a-t-il averti.

Les jeunes garçons, effrayés, se soumettent à l'homme. Ce dernier les viole à plusieurs reprises et les oblige à avoir des relations sexuelles entre eux. Les gendarmes ont du mal à croire les deux adolescents tellement les faits sont horribles. Mais les vérifications sont lancées et le signalement correspond à celui du dénommé Van Coppernolle, Belge, 50 ans, multirécidiviste sexuel dont on ne compte plus les condamnations.

15, c'est le nombre de jours en liberté de Van Coppernolle avant qu'il ne récidive. Le Belge venait de purger cinq ans de détention pour le viol d'un mineur à Montélimar. Le criminel est interpellé deux semaines plus tard et reconnaît les faits tout en tentant de les minimiser.

Un crime qui en amène à un autre

Les enquêteurs ne s'arrêtent pas aux viols des deux adolescents. Ils s'interrogent sur la possible implication de Willy Van Coppernolle dans la disparition inexpliquée du petit Abdel Dkhissi, onze ans, volatilisé le samedi 27 mars dans le Gard. En garde à vue, Van Coppernolle nie les faits, même s'il ne cherche pas à dissimuler ses obsessions sexuelles qui le poursuivent depuis l'enfance. Le Belge a déjà été condamné plus de 30 fois, dont cinq en Belgique, pour attentats à la pudeur ou rapt de mineur. Il confit également avoir été lui-même violé à l'âge de 7 et 13 ans par des religieux et un juge de paix.

Le mardi 20 avril 1993, il avoue avoir tué le jeune Abdel et conduit les gendarmes jusqu'à l'endroit où se trouve le corps, en pleine campagne. L'état de la dépouille ne va jamais permettre de dire si le jeune garçon a été violé et Willy Van Coppernolle donne son scénario, bourré de mensonges, tout en multipliant les réflexions cyniques.

Quelques jours après son arrestation, un homme de 33 ans, reconnaît Van Coppernolle dans le journal. Il est certain qu'il s'agit de l'homme qui l'a violé en 1981... Il avait alors 21 ans et faisait du stop à Fréjus. À l'époque, Pierre avait déposé plainte dans une gendarmerie locale mais cette dernière va se perdre : "Malgré ma plainte, un enfant est mort, deux ados ont été violés et beaucoup d'autres se sont tus. Je savais qu'il tuerait" confie Pierre au Monde Magazine.
 
Le jeudi 30 mars 1995, Van Coppernolle est condamné à la réclusion criminelle à la perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 22 ans. Lors du procès, l'avocate des parties civiles, Me Paola Bellotti avoir été particulièrement touchée : "C’est un procès qui m’a marqué, j’étais la première professionnelle à verser des larmes lors du procès".

29 ans après la justice s'interesse à nouveau à lui

En septembre 2022, le pôle national des crimes en série ou non élucidés de Nanterre inscrit Willy Van Coppernolle sur une liste de suspects dont il faut étudier de près le parcours. Dans ce cadre, les enquêteurs partent de la vie du criminel et non du crime pour tenter de rattacher des meurtres encore non élucidés : "On part de la personnalité plutôt que des faits", explique le journaliste Michel Henri. Il s'agit de savoir où il se trouvait quand certains crimes non résolus, enlèvements, disparitions, mystérieux suicides ont été perpétrés.

En 2017, le Belge avait déjà été entendu par les gendarmes de Grenoble dans l'affaire des disparus de l'Isère. Dix jeunes enfants tués ou disparus lors de la décennie 1980-1990. Parmi eux, les cas de Ludovic Janvier, 6 ans, Grégory Dubrulle, 8 ans, ou encore Fabrice Ladoux, 12 ans. Pour Me Paola Bellotti, avocate des parties civiles, il est évident que le criminel belge a commis d'autres meurtres : "C'est un agresseur puissance 10, il n'a pas peur des répercussions".

À 80 ans, Van Coppernolle va-t-il avouer d'autres homicides qui auraient été perpétrés bien avant celui du petit Abdel ? Il est maintenant l'un des plus anciens détenus de France et est incarcéré à la maison d'arrêt de Bapaume.

Les invités de "L'Heure du Crime"

- Michel Henry, journaliste indépendant.
- Me Paola Bellotti, avocate des parties civiles au procès en 1993.
- Me Philippe Chardon, un des avocats de Willy Van Coppernolle.

L’actualité par la rédaction de RTL dans votre boîte mail.

Grâce à votre compte RTL abonnez-vous à la newsletter RTL info pour suivre toute l'actualité au quotidien

Je créé mon compte Se connecter

S’abonner à la Newsletter RTL Info